Pierre :
J’ai bien peur que vous ne fassiez d’un phénomène mondial une spécificité américaine. La privatisation de la guerre - à moin sens un des plus gros dangers pour la souveraineté des peuples en même temps que la dictature des marchés financiers - s’est généralisée. La Douma russe, l’an dernier, a autorisé les grandes entreprises à lever de véritables armées privées. La sale guerre en Tchétchénie a été menée grâce à des ’kontraktniki’. Et on ne compte plus les officines de ’sécurité’ à tous les échelons de notre société.
Le soldat, même qui touche une prime, est différent du mercenaire type Blackwater. D’abord il gagne beaucoup moins. Mais surtout, il est soumis à une chaîne de commandement qui le rend responsable de ses actes (même si les bavures peuvent être amoindries ou couvertes). Rien de tel pour le contractuel - il est garanti contre toute suite judiciaire.
Quelques rectificatifs historiques : les ’Rus’ ont été fréquemment laminés par les Tartares, et toute l’oeuvre de constitution d’un Empire des Tsars s’est faite au détriment des peuples environnants. Lesquels étaient à l’origine des envahisseurs, certes. L’expansion russe vers l’Est s’est effectuée non seulement à la manière de l’expansion vers l’Ouest des colons U.S., mais dès l’époque Russes et Américains se sont découverts de grandes similarités.
Vous avez l’air de croire que les troupes U.S. et les colons ont balayé les Amérindiens avec facilité - on sait que pour toute la première période, jusqu’au XIXe siècle, les Natives avaient systématiquement le dessus, et le plus souvent réduisaient en charpie toutes les colonnes envoyées contre eux. Même au XIXe siècle, dans l’ensemble, tant par leurs tactiques que par leur armement, les Indiens surclassaient les soldats. Il y a justement d’intéressants parallèles à établir avec les Tartares, dont ils sont sans doute cousins.