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Commentaire de Philippakos

sur Rien à cirer de Cannes


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Philippakos Philippakos 18 mai 2008 19:45

Un peu de polémique pour une fois : le cinéma qui fout le camp, la peinture aussi, et puis la musique, n’en parlons pas... ça me rappelle ces amateurs de jazz qui ne jurent que par Charlie Parker, ou ces amateurs de tennis qui pensent que les Mousquetaires c’était tout de même autre chose. Hélas, quand tous ces vieux mythes sont confrontés à la réalité ils ne tiennent pas le coup très longtemps. Il faut écouter les opéras interprétés au début du XXème pour prendre conscience des progrès de l’art lyrique. Il faut lire les lettres de Chopin prétendant que pour jouer ses Etudes il fallait avoir les mains déformées en remarquant que n’importe quel élève de conservatoire joue « la Révolutionnaire » sans sourciller aujourd’hui. Voir un match de tennis des Mousquetaires qui tenait de la promenade de santé pour comprendre qu’ils ne feraient pas un jeu face aux monstres du tennis actuel. Le cinéma change, c’est tout, et Cannes malgré ses paillettes est le festival qui prend le plus de risque au niveau de ses attributions de prix. « Le goût de la cerise » n’a pas fit un tabac commercial que je sache et quand on regarde les dernières palmes on comprend mal la question qui sert de conclusion à cet article : où est le cinéma d’auteur ? On y trouve en effet Angelopoulos, Lars von Trier, Shohei Imamura (« L’anguille » fut un four commercial), deux fois les frères Dardenne dont on peut dire que le cinéma n’est pas complaisant, ni racoleur, Emil Kusturica, Chen Kaige. En revanche, le cinéma des années 70 que vous semblez porter aux nues comprend pourtant des films invisibles aujourd’hui. Avez-vous essayé, par exemple, de revoir « La chinoise », ou « One plus one » du maître Godard ? Le piège du jugement c’est de bloquer sur ses valeurs du passé en oubliant que les mentalités évoluent et que ce qu’on a pu aimer jadis ne fait pas forcément frémir un spectateur d’une autre génération.


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