@Gougoussis
Ce n’est pas nouveau, on connaît la chanson. Ainsi, au royaume des cantiques du quantique, on pourra penser à Sokal, qui publia "Transgressing the Boundaries : Toward a Transformative Hermeneutics of Quantum Gravity" (Social Text, No. 46/47, Science Wars (printemps-été, 1996), pp. 217-252), texte acceptée après arbitrage, avant que Sokal ne révèle l’absurdité de l’article, qu’il avait volontairement soumis pour montrer que sous un langage abscons, on pouvait faire passer beaucoup de choses. L’apparence y était, le vocabulaire choisi, mais le contenu totalement vide.
Je ne jugerai MMS sans mieux connaître son oeuvre, mais je lui reconnais qu’il ne suffit pas qu’une théorie soit efficace pour être satisfaisante. Ainsi, à force de correction, la théorie géocentrique a marché longtemps et avait une bonne capacité prédictive. Le modèle héliocentrique a pourtant balayé le modèle géocentrique car plus simple, plus élégant, et au final, ayant de meilleure qualités prédictives. De la même manière, la mécanique quantique pourrait connaître des révolutions de formalismes, qui pourraient passer par un changement dans la manière dans l’interaction homme-réel est perçue. Mais le danger est grand de vouloir y introduire de la métaphysique, ce dont rêve pourtant B.D., et ne regarder que par le prisme épistémologique risque de conduire à un discours creux, sans remise en question de la pratique courante. De la un schisme inévatible, mais compréhensible, pour ne pas dire raisonnable, entre les communautés, car on ne peut assister à une révolution des règles d’acquisition de connaissances sans être soi-même mû par la quête de connaissances nouvelles, et non seulement par des questionnements sur comment acquérir des connaissances. Une révolution se vit, mais ne se prévoit pas, et encore moins se construit. Elle survient quand le moment est propice, simplement, et pourtant de manière un peu inattendue. Et une pratique scientifique se répand quand, comme les théories, elle est plus efficace. Sinon, peu importe le discours épistémologique sous-jacent, elle ne fera guère de bruit.
Une fois n’est pas coutume, B.D. m’a intrigué et peut-être effectivement vaut-il la peine de considérer MMS. Mais de là à parler de révolution copernicienne... (d’ailleurs une révolution ne se mesure que rarement au moment où elle apparaît), et une méthode scientifique n’est pas un schéma séquentielle tel le programme d’un ordinateur. La MCR peut suggérer de nouvelles intuitions, mais ce n’est finalement qu’une vision parmis d’autres, et amha, seul le temps tranchera de son intérêt.