Si l’on accepte de se limiter à l’immobilier résidentiel - l’immobilier professionnel s’est depuis belle lurette financiarisé -, il n’est guère surprenant qu’aucune tendance lourde ne se détache actuellement. Tant l’acquéreur que le vendeur Lambda se trouvent en position d’attente.
Le premier mise sur une baisse des prix mais redoute une hausse des taux hypothécaires. Le second espère encore réaliser un jack-pott de la vente de son bien mais perçoit le vent mauvais qui se lèvera sans doute.
En outre parler d’un marché immobilier résidentiel comme d’une entité relève de l’illusion. Il est clair que l’immobilier réagit par "bassin de vie". Un Bruxellois poussera des cris d’orfraie devant les loyers ou les prix de vente postulés dans la capitale européenne tandis qu’un Luxembourgeois les trouvera, ma foi, fort abordables. Quant au Parisien, il se grattera longuement le crâne avant de comprendre la raison des prix luxembourgeois : l’absence d’offre dans un pays qui importe quotidiennement des dizaines de milliers de travailleurs qu’il serait bien en peine de loger.
Plus anecdotique. Dans une entreprise belge, située à un jet de la frontière française, 70% des travailleurs sont Français car la fiscalité dérisoire qui s’applique à eux est française. Les travailleurs belges sont, eux, vivement encouragés à s’établir en France. A l’inverse, les grosses fortunes françaises élisent la Belgique comme domicile en raison de l’absence de taxation des plus-values mobilières et de l’ISF.
Plus prosaïquement, l’immobilier résidentiel est régi par des cycles longs, le plus souvent proches d’une génération. Une fois l’immeuble acquis, son propriétaire-occupant - même s’il se soucie de l’évolution du marché - obéira rarement à des considérations économiques pour le remettre sur le marché. C’est pourquoi, plutôt que de baisse des prix, il convient de parler de ressac avant qu’une nouvelle marrée générationnelle n’impose une reprise.