Une analyse intéressante et bien argumentée.
Vous avez eu parfaitement raison de repréciser la définition de l’altermondialisme : sur le fond, il s’agit bien de proposer un modèle différent de celui, libre-échangiste, actuellement en vigueur.
Il faut d’ailleurs noter que ce modèle, issu de théoriciens économistes des années 80, a du plomb dans l’aile : contrairement aux espérances de ses théoriciens, l’ouverture géénrale des marchés s’est aussi accompagnée de distorsions profondes des règles de la concurence (par exemple l’envoi de produits agricles subventionnés dans des pays où cela a provoqué la disparition des agriculteurs locaux), et d’effets pervers de l’orthodoxie financière prônée par le FMI (faute d’investissements, la rigueur a provoqué l’effondrement des infrastructures de certains pays).
Pour autant, même si les figures de proue de l’altermondialisme sont majoritairement d’extrême gauche, on observe depuis une dizaine d’année l’émergence d’un altermondialisme non extrêmiste, que ce soit par le biais d’économistes ou de politiques. A côté de l’altermondialisme "autogestionnaire" défendu par des leaders comme Olivier Besancenot, on assiste donc à l’émergence d’un altermondialisme "régulatoire", dans lequel les Etats, ou les régions (comme l’Europe) imposeraient des règles "éthiques" à la mondialisation. C’est bien dans cette filière que se situe François Bayrou, mais sans doute de façon plus marquée que la majorité des démocrates sociaux. Contrairement à ces derniers, qui sont les principaux acteurs de cet altermondialisme régulé, François Bayrou défend une conception quasi philosophique de la société, avec des valeurs issues de la non-violence (sa référence à Gandhi demeure un élément essentiel de son projet politique), et une profond méfiance à l’égard du rôle des grands groupes privés.
Curieusement, alors que cet altermondialisme est sans doute un aspect critique de la vision politique de François Bayrou, ce dernier ne l’a jamais vraiment formalisé nin explicité, se contentant d’en exprimer les grandes lignes. L’un des enjeux de son influence politique sera donc, comme pour sa vision européenne, de renforcer et de concrétiser cette vision en un message alternatif crédible, c’est à dire susceptible d’être accepté non seulement par les citoyens mais aussi par les autres Etats et gouvernenments.