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Commentaire de Bulgroz

sur Banques et investisseurs spéculent ouvertement sur la famine mondiale


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Bulgroz 3 juin 2008 11:37

Il faut tordre le cou aux idées reçues.

La spéculation ne fait qu’accompagner ou suivre une tendance à la hausse ou à la baisse d’un marché. La spéculation ne fait pas une tendance, elle l’a suit, soit elle espère que cette tendance se poursuivra soit elle espère qu’elle s’inversera.

La spéculation est déconnectée physiquement du marché, de la même manière que spéculer sur le résultat du prochain match de foot n’a aucun impact sur les résultat du match ni n’enrichit ou n’appauvrit les gagnants ou perdants de ce match. Si d’énormes paris sont engagés, la tension psychologique sera certes énorme mais les enjeux (le fait d’être qualifié ou non) et le résultat du match restent aux mains des joueurs.

Un vraie spéculation serait de mettre hors marché et de stocker mille quintaux de riz dans un silo en espérant pouvoir vendre dans le futur au dessus du prix actuel. Ce n’est pas le cas. Les réserves physiques de produits alimentaires ne vont pas au delà de 6 à 12 mois de consommation d’un produit donné sur un marché donné : au delà, le coût de la réserve et du risque seraient prohibitifs par rapport au marché.

La spéculation financière a 2 aspects : soit elle est organisée :

  •  Soit par des acteurs du marché qui sont partie prenante dans la vente ou la consommation d’un produit, il s’agit dans ce cas de se prémunir des variations erratiques d’un produit. Ex GDF ou Total qui se couvre sur des variations éventuelles futures d’un produit afin de minimaliser les impacts du prix d’un produit ou de fixer par avance le prix futur d’un produit.
  • Soit par des acteurs déconnectés du produit, par ex, clients d’une banque qui investissent (parient) sur les variations d’un indice ou d’un pack d’indices pour en tirer profit ou minimaliser des pertes que l’on pourrait faire par ailleurs.

Dans les 2 cas, la spéculation n’aura aucun effet sur les prix du marché.

Le fait qu’on soit incapable d’évaluer l’impact de la spéculation sur un prix donné est est bien la preuve : la spéculation peut créer des "sur tensions psychologiques" sur une tendance avérée du marché, mais elle ne crée ni ne renforce cette tendance de marché puisqu’elle en est déconnectée physiquement, la spéculation n’augmente ni ne réduit la quantité de produits sur un marché, le prix du marché reste strictement régi par la loi de l’offre et de la demande.

Effectivement, parier que le prix de la farine ou du riz augmentera dans le futur et qu’il sera moins accessible pour certaines catégories de populations peut être considéré comme « moralement » inacceptable mais cela ne changera rien à l’évolution du prix de ces produits.

Évidemment, on peut chercher à se faire plaisir en invoquant la spéculation comme bouc émissaire mais la démarche reste désespérément vaine. Les raisons des mauvaises tendances des produits alimentaires sont à chercher ailleurs.

Si je gagne de l’argent parce que j’ai parié sur victoire d’Arsenal contre Liverpool, les supporters de Liverpool pourront bien entendu considérer que c’est ’unfair’ mais peuvent ils s’en prendre aux "vils spéculateurs" qui ont misé sur Arsenal ou à ceux, à contrario, qui ont misé et perdu sur Liverpool ?


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