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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Lille : mariage annulé, les convertis se font une virginité


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 3 juin 2008 18:15

Le tribunal a jugé sur "l’erreur à propos de la qualité essentielle de l’épouse" au yeux du seul mari, reprenant entièrement son fantasme personnel sur le mariage (religieux ou traditionnel) et l’avalisant en droit laïque, ce qui est pour le moins confus du point de vue de la mission du droit de faire respecter l’ordre public libéral, c’est à dire conforme aux doits égaux de l’homme et de la femme ; il n’y a en effet de liberté que dans l’égalité des droits.

Le mensonge à lui seul n’est jamais un motif suffisant pour entraîner une annulation du mariage (où alors cela se saurait !), tout au plus un divorce .Quant à l’erreur ou à la tromperie, du mari, elle ne remet en rien cause l’institution civile du mariage (comme si s’agissait d’une tromperie portant sur le sexe ou une maladie infectieuse mortelle, et encore cela se discute..). Le mari du reste aurait pu vérifier avant, sauf vision irrationnelle de la virginité, ce qu’il a apparemment refusé de faire, ce qui est son problème et non celui de la justice et du mariage civil. C’est donc bien sur le contenu de la tromperie et non sur la tromperie elle-même concernant le mythe essentialiste de la virginité dont on sait ce qu’il signifie pour les femmes que porte le jugement et non sur un simple mensonge qui aurait pu être en droit jugé compatible avec le mariage, sauf précisément au nom d’une vision religieuse qui, elle, est incompatible avec le mariage civil et laïque. Le tribunal aurait dû se déclarer incompétent à propos une telle demande d’annulation et recommander une procédure de divorce.

C’est une question de liberté (en l’occurrence de la femme) et d’égalité entre les droits d’un homme qui n’avait pas à exiger cette clause de virginité liberticide pour la femme et d’une femme qui n’avait pas, sauf face à une menace sociale inacceptable en droit, à s’y soumettre : la vie antérieure de chacun ne concerne que lui et pas l’autre avec qui il est entrés dans un relation nouvelle de contrat . "L’existence précède l’essence disait Sartre !" Mieux il n’y a pas d’essence, et donc pas de virginité essentielle, la virginité ne peut en rien être une qualité essentielle ni de la femme ni de l’épousée, mais seulement accidentelle (au sens d’Aristote)

Je vais plus loin : on a le droit de mentir pour se soustraire à un chantage liberticide, sauf à prétendre absurdement être libre en s’y soumettant. Seule la liberté est une qualité essentielle au sujet de droit homme ou femme pas le pucelage.

Je pense sur le fond qu’il conviendrait de renoncer à ce mariage civil qui a tant de mal à être dissocié de sa sacralisation religieuse, de moins en moins tenable, au profit d’un PACS généralisé et conditionné à des règles qui ne concerneraient le couple que dans la durée de sa validité et ne concernerait en rien la vie antérieure de ses membres.

Droit du mariage et virginité


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