Un avis autorisé sur le bilan de Madame Dati (c’était après 4 mois seulement au pouvoir ; depuis, ça s’est singulièrement aggravé)

Michel Vauzelle, ancien Garde des Sceaux :
1 - "Je pense que la ministre de la Justice a, pour le moment, un bilan assez clair même si elle n’est en poste que depuis peu de temps.
Elle est entièrement instrumentalisée par le président de la République qui est le véritable ministre de la Justice (et de beaucoup d’autres choses encore). Nicolas Sarkozy réagit émotionnellement et sa politique consiste uniquement en de la communication lorsqu’il se rend ainsi sur les lieux d’un crime ou d’un délit de manière à impressionner l’opinion publique.
Par l’intermédiaire de Rachida Dati, on instrumentalise la justice puisqu’on a des lois prises chaque jour, toujours dans cette volonté de communiquer. Et cette situation aboutit à des aberrations : Alors que des nouvelles lois sont votées ou passent en force, la justice aurait besoin de moyens supplémentaires. Or, un rapport du Conseil de l’Europe sur les crédits consacrés à la justice par habitant montre que la France n’est qu’au 29ème rang parmi les 40 pays qui font partie de ce conseil, derrière la Slovénie.
Donc, plutôt que de gesticuler à la télévision à chaque nouveau crime ou nouveau délit, on ferait mieux d’allouer de véritables moyens à la justice.
De plus, l’indépendance de la justice est bafouée par la convocation du vice-procureur de Nancy. Du jamais vu depuis Louis XVIII ou Napoléon III. Les procureurs reçoivent des instructions écrites de la Chancellerie, mais ils peuvent dire ce qu’ils veulent. C’est un fondement de la justice française que l’on foule aux pieds.
Et puis on veut dépénaliser le droit des affaires alors que des délinquants en col blanc méritent des sanctions et on instaure des peines-plancher pour des délits moindres, empêchant ainsi les magistrats de choisir leur verdict. On remplace le juge par une machine.
Peut-être que la ministre ne connaît pas très bien ces questions, en tout cas, elle met en œuvre une politique émotionnelle et instaure tout sauf une justice équitable et juste".