Réponse à Zawgvi
Tout d’abord je vous remercie d’avoir pris le temps d’un long développement concernant mon livre. Comme vous l’avez dit, vous ne l’avez pas encore lu et votre commentaire doit être pris comme un propos avant-lecture puisque vous dîtes vouloir le lire…
En premier lieu, je tiens à lever tous malentendus et donc ambiguïtés. Réchauffement Climatique est un roman, donc lié à une subjectivité même si je considère qu’il se fonde sur des réalités concrètes, celles qui s’imposent à tous. Ce n’est donc pas une enquête et ne doit pas être jugé comme telle.
En second lieu, j’insiste sur le fait que ce n’est pas non plus un livre sur la Birmanie et son histoire, même si de nombreuses scènes s’y déroulent… Bref, c’est un roman avec toutes les limites du genre, une histoire avec des personnages fictionnels.
Vous me posez des questions et je me dois d’y répondre. J’ai vécu une dizaine d’années en Asie du sud-est et je connais bien ces pays, le Cambodge, la Thaïlande, le Vietnam, la Birmanie. J’ai rencontré des réfugiés birmans (ils sont nombreux à avoir fuit leur pays) et cela m’a permis de saisir l’aspect assez implacable du régime des généraux.
Vous évoquez, avec visiblement une bonne connaissance, sans doute meilleure que moi, de la réalité de ce pays et sa complexité. Je partage votre point de vue. Il n’y a pas de bons Karens face à de méchants Birmans. Je ne fais pas non plus d’angélisme vis-à-vis des Karens mais dois-je dire, pour les meilleurs d’entre eux, ils ont montré un courage et une détermination à lutter contre l’oppression, comme les birmans luttant pour leur liberté. Tous sont victimes et les opposer les uns aux autres serait une injure à leur intelligence et à l’Histoire. Et puis le jour de l’émancipation politique de la Birmanie, ils devront vivre ensemble…
Maintenant la problématique Total. Je ne vais pas revenir sur les circonstances, ce que Total met en avant pour défendre sa présence et ce qu’il faut en penser. Pour moi les choses sont entendues même si les quelques équipements financés par Total dans la zone sont une réalité mais demeure une justification après coup, une caution poudre aux yeux qui représente, en terme financier, si peu par rapport aux versements à la junte qui ne profitent en rien au peuple birman…
Aujourd’hui le problème n’est plus le départ de Total et Margerie a dans son cynisme raison de dire que d’autres prendraient leur place. Le problème est qu’il ne fallait pas il y a quinze ans investir dans ce pays !
Si vous lisez ce roman, vous vous apercevrez que je mets en scène des Karens militants et ils ont ma sympathie, ainsi que des hommes de l’ombre de l’industrie pétrolière. Eux sont ce qu’ils sont et je n’ai pas eu à grossir leurs traits…