Je trouve que cet article reprend, à peu de choses près, celui publié dans une revue connue pour son extrème-gauchisme : "Les Echos" :
"Baisse surprise du taux de chômage à 7,2 % de la population active au premier trimestre
[ Les Echos - 06/06/08
Le taux de chômage a été ramené de 7,4 % à 7,2 % entre le dernier trimestre 2007 et le premier trimestre 2008, selon les chiffres publiés hier par l’Insee, soit un niveau jamais atteint depuis vingt-cinq ans. Le nombre de personnes à la périphérie du chômage, en revanche, s’est légèrement accru.
Même à Bercy, certains se sont montrés étonnés, hier, par l’ampleur de la baisse du chômage, qui a atteint 0,2 point en trois mois, selon les données publiées par l’Insee. Il est vrai que l’institut de conjoncture n’espérait pas mieux qu’une stabilisation jusqu’à la fin juin, à 7,5 % de la population active. Les objectifs sont déjà largement dépassés : porté par une croissance relativement soutenue (0,64 % au premier trimestre), le taux de chômage est tombé à 7,2 %, en moyenne, au premier trimestre. C’est 1,2 point de moins qu’il y a un an. En maintenant ce rythme, le gouvernement a toutes les chances d’honorer sa promesse d’atteindre le plein-emploi avant la fin du quinquennat, soit moins de 5 % de la population active au chômage. Même si le tassement attendu de la croissance au deuxième trimestre l’incite à la prudence.
Néanmoins, dans une période dominée par les mouvements sociaux, l’exécutif n’a pas boudé son plaisir : « Ce qui est important, c’est de dire aux Français qu’ils commencent à récolter le fruit de leur travail », a estimé, hier, Nicolas Sarkozy en saluant les réformes entreprises depuis un an sur le front de l’emploi : fusion ANPE-Assedic, heures supplémentaires, etc. « L’action du gouvernement n’est pour rien dans la baisse du chômage », a rétorqué le PS, qui conteste la fiabilité de ces chiffres et avance l’impact des nombreux départs en retraite.
Un décalage
Ces données ont en effet, à première vue, de quoi surprendre. Au premier trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi recensés par l’ANPE a augmenté de 7.700. L’Insee, qui se conforme aux règles du Bureau international du travail, fait état, elle, d’une baisse de 77.000 demandeurs d’emploi (en moyenne). « Les données fournies par l’ANPE et par l’Insee ne sont pas comparables », martèle-t-on à l’institut de conjoncture. Les raisons sont connues : l’Insee procède par sondage et recherche les personnes n’ayant jamais travaillé, ne serait-ce qu’une heure, au cours de la semaine de référence. Les chômeurs doivent également témoigner d’une recherche « active » d’emploi. Ce n’est pas le cas de l’ANPE, qui ne recense que les personnes inscrites dans ses fichiers, dès lors qu’elles ont travaillé moins de 78 heures au cours du dernier mois.
Plusieurs interprétations peuvent être avancées au décalage entre les deux sources. Il peut refléter une hausse du nombre de salariés très précaires, ceux-ci étant considérés comme chômeurs au sens de l’ANPE (moins de 78 heures de travail dans le mois), mais pas du BIT (aucune heure travaillée). L’amélioration du suivi par les agents de l’ANPE a également poussé des chômeurs à se faire connaître, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant. Le gouvernement profite aussi d’un contexte plus favorable, la population active ne croissant plus que de 50.000 par an. Il est « plus facile » de réduire le chômage qu’il y a six ans, remarque ainsi l’économiste Eric Heyer (OFCE). En 2000, 250.000 créations d’emplois suffisaient tout juste à stabiliser le niveau du chômage. Aujourd’hui, cela entraîne une réduction de quasiment même ampleur du nombre de demandeurs d’emploi.
La baisse du chômage se fait-elle au prix d’une plus grande précarité ? Le « halo » du chômage, qui regroupe les personnes recherchant un emploi sans remplir les conditions du BIT, s’est légèrement développé au cours du premier trimestre. Il représente 753.000 personnes, contre 749.000 fin 2007. Quelque 2,64 millions de personnes se sont ainsi trouvées au chômage ou « dans une situation proche du chômage » au premier trimestre 2008."