En réalité, tout s’est joué lors du traité de Nice... L’élargissement de 15 à 25 était historiquement juste, mais nécessitait alors une vraie réforme des institutions. En acceptant un compromis que tous savaient bancale et dramatiquement insuffisant, Jospin et Chirac avaient de fait torpillé toute possibilité d’Europe politique, la réduisant comme le voulaient les pays anglo-saxon, à un espace de libre échange.
Passer de 25 à 27, ou à 30 (en comptant quelques pays des Balkans), ne changera pas grand chose (sauf si la Turquie intégrait l’Union).
Le traité constitutionnel, qui instaurait une réforme minimale de fonctionnement, ayant été en plus rejetté, l’Europe est maintenant politiquement bloquée, et notre société ayant horreur de l’immobilité, elle reculera bientôt. Il faudrait une nouvelle génération de responsables politiques pour la relancer. Hélas, si Prodi, Zapattero ou même Merkel pourraient s’y mettre, ni Sarkozy ni Royal, euro-tièdes, ne permettrons une vraie relance (quelqu’en soit le sens). Or, l’impulsion de la France est indispensable, et il est, d’après les sondages, peu probable que Bayrou ou Strauss-Kahn n’arrivent au pouvoir, alors qu’ils sont sans doute les plus à même de débloquer la situation. Cinq nouvelles années de recul en perspective donc.