On est au Maroc. De mon temps pas de maternelle. Direct CP à 5 ans avec mon frère A. 7 ans. Déficit de langue. Baragouinons uniquement berbère. Malgré les quolibets, tiens mieux le coup que A. qui redouble. L’année d’après, A. se venge en me piquant le long de l’année cahiers, crayons… J’y vois que du feu et accuse mes camarades. Brimades (et taloches) du père, déprime et pipi au lit. Recalé par décret paternel. Selon lui, l’aîné ne doit pas rester à la traîne du cadet. Une année de perdue mais tiens péniblement le coup. Tête de turc des affreux, malheureux, énurétique jusqu’à 14 ans et excellentes notes. Mon 1er cadeau d’anniversaire à 7 ans est le 1er livre non scolaire à entrer à la maison : historiette épique de 60 pages en arabe apprise par cœur. Voracité livresque et promenade de santé scolaire jusqu’au bac. Sans effort et sans méthode. En 6è aime mieux fumer des clopes au ciné avec des cloches que m’emmerder au lycée. Après le bac, école d’architecture. Classé 6è sur 5000 candidats. A la fin de la 1è année mon prof d’archi me lance : « Eh ! Filou. Tu es passé ». J’étais percé à jour. Ca s’arrête là. Peux plus soutenir le rythme. Manque cruellement de méthode et de sens de l’effort. Encore 2 années pénibles et abandon. Dépression grave que je traîne encore, 20 ans plus tard. A. a terminé son cursus universitaire après une scolarité cahin-caha. On s’est pas parlé 3-4 ans vers l’adolescence. Depuis, on est très potes.
Ceci est mon histoire. Personne n’en connait les détails intimes. Ca me fout encore le bourdon mais merci à l’auteur et à AgoraVox de cette opportunité.
BMD