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Commentaire de ninou

sur La souffrance de l'enfant précoce


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ninou ninou 12 juin 2008 23:53

Prof des écoles, j’ai la chance (oui, je considère cela comme une chance !) d’avoir dans ma classe de cm2 3 enfants décelés précoces assez tôt (et qui se sont tous les trois passés de cp). Leur maturité n’a rien à envier à celle de leurs camarades. L’une des trois a dû affronter cette année une difficulté ( ridiculement passagère) d’apprentissage et a fondu en larmes devant un exercice sur les nombres décimaux où elle ne trouvait pas la solution du premier coup. Elle s’est sentie déstabilisée scolairement. Elle n’a pas compris tout de suite, mais n’a pas consenti à demander une explication de plus. Mon boulot, à ce moment précis, a été de lui affirmer que chacun connaît des difficultés ponctuelles, qu’elle était sans doute fatiguée et réussirait de façon certaine en reprenant son raisonnement depuis le début. Elle a ravalé ses larmes et s’est mise au travail avec succès.

Même précoce, un enfant (bien intégré dans sa classe par ailleurs) peut connaître des moments de souffrance, qui paraissent risibles de loin, mais qui montrent sa fragilité et... son manque de confiance en soi ! Je suis heureuse d’avoir été là pour l’accompagner lors du premier surmontage de difficulté qu’elle ait eu à faire. Elle sait maintenant qu’elle peut aller au delà d’elle-même. Ce fameux "goût de l’effort" qui a trop souvent goût de sacrifice a pris pour elle un goût de liberté (c’est parce que je l’ai voulu que j’ai réussi, pas parce que c’était facile !)

C’est vrai que la relation avec ces élèves n’est pas toujours de tout repos (surtout avec les "infaillibles" qui n’écoutent aucun conseil, surtout quand ceux-ci leur demanderaient des efforts !), cependant, ils sont des élèves comme les autres et, dans ma classe au moins, ils sont traité "comme tout le monde" au niveau des règles de vie et du minimum exigible, mais bénéficient d’un traitement individualisé au même titre que les "cancres".

De plus, il ne faut pas se contenter d’en faire des tuteurs pour les plus faibles (certains d’entre eux en sont d’ailleurs incapables vu qu’ils ne comprennent pas que l’on puisse ne pas comprendre !), ils peuvent aussi aider dans la mise en place de certains projets de classe, mener sur leur temps libre des recherches et projets personnels...

C’est, je l’ai déjà dit ailleurs, plus une question humaine que de structure (ou de corps de métier !! - "laracedesprofstousresponsablesdetouslesproblèmesdetoutelajeunesseetdoncdelasociété" !)

Les bonnes volontés ne manquent pas. C’est la société humaine, dans ce qu’elle a de plus grégaire, qui les étouffe !

 


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