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Commentaire de Kabyle d’Espagne

sur Sylvain Gouguenheim ou le retour de l'historiographie « identitaire »


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del Toro Kabyle d’Espagne 17 juin 2008 16:14

@ Trope15

Je pense que vous confondez deux activités : celle de l’historien qui se propose de faire l’histoire d’un objet donné (activité principalement descriptive qui doit éviter les anachronismes, les causalités purement narratives, les jugements de valeurs sur les époques et les personnes, etc.) et l’activité d’évaluation de l’épistémologue, activité critique et "discriminante".

Votre reproche sur le mot de "régression" est receveable pour cette activité descriptive (histoire) et n’est pas toujours respectée ni même recommandée à l’heure des bilans historiographiques.

Soutiendirez-vous les mêmes propos, alors qu’un François Bédarida s’exprime d’une telle manière que je la fais mienne ?

Au risque de vous décevoir et de montrer la pertinence de la distinction de ces deux activités, je voudrais vous rappeler que régression, stagnation, recul, dépassement, progrès, progression, croissance, révolution, changement, bouleversement, etc. font intégralement partie des plus grands textes d’épistémologie contemporaine, de Bachelard à Passeron en passant par Kuhn et ou Ian Hacking.

Même un désarçonnant historien-épistémologue comme Paul Veyne parle de "révolution" au sujet de Foucault, périmant durablement (mais pas irréverssiblement, d’où les régressions possibles) des manières de voir et faire.

Puis-je terminer en vous citant, l’hilarant et pourtant si rigoureux Bachelard ?

  • En revenant sur un passé d’erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui dans l’esprit même fait obstacle à la spiritualisation.

 

  • Une connaissance acquise par un effort scientifique peut elle-même décliner.

 

  • Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.

Bachelard, comme vous le voyez, est sans doute très "normatif", si je dois me limiter à la présentation que vous m’en faites... C’est pour cela que le mot de "régression" me semble adéquat et à sa place dans une perspective critique et évaluative.

Mais passons. Ces débats épistémologiques risquent d’être sans fin. Dites-moi plutôt, si vous le voulez bien, en quoi le livre de Gouguenheim est-il une avancée significative dans le domaine ?

 

 


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