• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de xa

sur Pour une réglementation du marché immobilier


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

xa 18 juin 2008 15:10

Je ne vais pas répondre dans l’ordre...

"avec la maison en hypothèque à la rigueur"

tous les crédits mortgage ont une "hypothèque", qui n’a d’ailleurs pas tout à fait la signification française : tant que le crédit n’est pas soldé, le logement "appartient" techniquement à la banque, pas à l’emprunteur (ce qui a pas mal de conséquence sur les possibilités de saisie/expulsion, les recours juridiques de l’emprunteur, ...).

 

"ça reste pour moi un crédit majoré"

Coté client, oui, c’est un crédit avec un taux majoré à partir d’un certain moment (qui peut être immédiat, mais généralement décalé de 2 à 5 ans). Mais qu’est ce qui différencie un crédit prime à taux élevé destiné aux personnes ayant un mauvais indice (near-prime loan destiné aux personnes ayant un mauvais FICO) et le crédit subprime avec le même taux, selon vous ? (si si, il y a des crédits "prime" avec des taux aussi élevé que les subprimes) Réponse : la mécanique interne à la banque.

 

Coté lender, c’est en théorie une prise de risque qui ne rentre pas dans les règles prudentielles (qui sont pourtant beaucoup plus light coté américain), sinon ce serait "financable" en crédit prime. Pour proposer un crédit dans ces conditions, tout en respectant les règles de solvabilité, il faut soit augmenter les fonds propres, soit diminuer le risque.

La première possibilité n’est en pas une. Cela diminuerait la rentabilité de la banque.

La seconde implique soit de diminuer les autres risques (moins prêter sur les autres types de crédit, moins investir sur les marchés), ce qui n’est pas plus envisageable, soit revendre une partie du risque, le titriser.

Une fois que vous avez cela en tête, vous avez le déroulement : pour pouvoir vendre des crédits plus risqués mais plus rémunérateur, il était "nécessaire" de titriser une partie du risque. Les subprimes mortgage "new generation" étaient nés.

 

"ce que fait la banque de cette dette, c’est une autre problématique qui n’interesse pas le client"

Ce n’est pas une autre problématique. Ce qui définit le type de crédit, ce n’est pas ce qui intéresse le client, mais le mécanisme interne du crédit. Le In Fine est défini par sa mécanique, par par le taux proposé au client. Idem pour les différents types de crédits amortissables, de crédits adossés, ...

Si un crédit n’est couvert que par "l’hypothèque" et le risque supporté par la banque, on est en marché prime.

 

On peut rappeler qu’initialement, un crédit subprime c’était un crédit AVANTAGEUX (taux inférieur au marché prime), et destiné aux clients privilégiés (les plus fiables, donc).

Début des années 90 sont apparus les subprimes "new generation" : ceux destinés aux personnes exclues du système classique. La mécanique générale était : 2 à 3 ans avec un super taux (d’où la conservation du nom subprime), et 17 ans à taux d’usure ou presque, et la possibilité de renégocier, au moment du changement de phase, le crédit (donc de repasser en prime credit si possible). Mais pour créer ces produits, il fallait trouver un moyen de couvrir le risque (respecter les ratios de solvabilité) .... ce que j’ai expliqué juste avant.

 

Pour citer Bernanke : "Subprime mortgages are loans made to borrowers who are perceived to have high credit risk, often because they lack a strong credit history or have other characteristics that are associated with high probabilities of default. Having emerged more than two decades ago, subprime mortgage lending began to expand in earnest in the mid-1990s, the expansion spurred in large part by innovations that reduced the costs for lenders of assessing and pricing risks. "

En clair, les innovations financières (adossement de crédit, titrisation, ...) on permit l’émergence du marché de ces crédits risqués en limitant le coût pour le prêteur en cas de défaillance.

et

"The ongoing growth and development of the secondary mortgage market has reinforced the effect of these innovations. Whereas once most lenders held mortgages on their books until the loans were repaid, regulatory changes [comprendre la réduction du ratio de solvabilité] and other developments [les nombreuses techniques de titrisation], have permitted lenders to more easily sell mortgages to financial intermediaries, who in turn pool mortgages and sell the cash flows as structured securities. "

En clair, le rendement de ces crédits à risque (le risque étant titrisé, il n’impacte pas autant qu’il le devrait le ratio de solvabilité, donc on peut prêter à plus de monde qu’il ne serait raisonnable) a renforcé les effets de ces innovations. Les crédits subprimes sont très rentables pour le prêteur qui cherche à prêter plus encore sur ce type de produit (d’où l’emballement sur ce type de produit, et le fait que 50 à 60% des emprunteurs auraient normalement pû utiliser les credits prime), très rentables pour le teneur de risque qui continue à acheter le risque. Voir à ce sujet, les différentes interventions de Jacques de Larosière (IMF).

 

C’est ce secondary mortgage market qu’on appelle, abusivement peut être, subprime market et qui est en crise. (les crédits associés au marché dit premier sont ceux dont le risque est assumé exclusivement par le prêteur)

.

Maintenant, oui, on peut parfaitement qualifier de "subprime" les crédits du marché classique destinés aux personnes ayant un mauvais indice (mais on parle plutôt de near prime loan). Dans ce cas, les subprimes existent en France. D’ailleurs le doc de l’AMF ne fait pas la disctinction... alors que le near-prime est probablement le prochain problème américain.

 

"Généralement, on qualifie un crédit hypothécaire de subprime lorsque l’emprunteur obtient un score FICO inférieur à 620, sur une échelle allant de 300 à 850". (doc de l’AMF écrit par Romey qui a écrit des livres interessant, et B.Drut). Why not ? C’est la définition que vous retenez, et qui inclut, malheureusement à mon sens, les near-prime loan.

Rappel les near prime loan ne sont pas assujettis à contrepartie marché.

Elle n’explique cependant pas pourquoi on trouve des emprunteurs subprimes (selon "ma" définition qui est aussi celle du WSJ et semble-t-il de Bernanke,et celle du secondary mortgage market) qui ont un score supérieur à 620, et même au delà de 700 au FICO... (je n’ai retrouvé que ce lien http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601039&sid=anxOH4nv1deE&refer=columnist_berry traitant du problème, je n’ai plus l’étude complète sous la main).

 

 

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès