@ Trope15,
Merci encore de votre intérêt continu et surtout, merci de m’avoir révélé que vous n’aviez pas encore lu le livre : je comprends que dans ces conditions-là que mon article puissse vous sembler par endroit désinvolte en plus de se laisser aller à une rhétorique facile (je résume ici avec mes mots).
Sachez aussi que, comme vous, j’ai souvent été en proie à un sentiment d’impuissance face aux divers domaines de connaissance qu’un individu curieux et sérieux peut prétendre approcher. Je me console avec cette simple et réconfortante parole de Bachelard qui se disait être un simple "éternel étudiant".
J’aimerais revenir sur le "génies de langues" qui vous semble "épineux". Je crois avoir saisi votre point de vue qui je placerais sous le signe de l’attention aux théories (du langage) passées. Mais elle se range surtout dans le premier cadre d’activité, celui de la collecte et de la description (ex : histoire de la pensée linguistique, histoire des théorie du langage, etc.).
Sur un plan épistémologique, certaines vues sont obligées d’être écartées, détruites ou éliminées pour que les obstacles (épistémologiques) soient levés et que la science se fasse (l’épistémologue, contrairement à l’historien dans sa pratique descriptive, peut s’autoriser - comme Bachelard - un langage presque "évolutionniste" sans partager pour autant une philosophie de l’histoire évolutionniste. C’est normal, ce sont les chercheurs qui font la science et ils ont intérêt à savoir où ils vont).
Il suffit de prendre le cas d’Umberto Eco pour que mes propos cessent d’êtres vagues ou sibyllins : en lui, il y a le linguistique - qui doit renier ou éliminer un bon nombre de concepts, théories, outils, etc. pour être un linguiste contemporain - mais il y a aussi l’historien des théories du langage qui n’a pas à hurler, conspuer ou lyncher les théologiens, les alchimistes ou les philosophes quand ils essayaient de retrouver la "langue parfaite" ou la "langue du Paradis".
En revanche, le linguiste qui est en lui n’a que faire du mythe de Babel ou encore du concept de "langue parfaite" pour faire oeuvre scientifique.
En somme, tout ce qui est ancien peut intéresser l’historien (des sciences, du langage, des techniques) mais pas forcément le linguiste (dans notre cas) ou l’épistémologue. Et le "génie des langues" fait partie de ces prénotions (pour parler comme Durkheim) qu’il a fallu abandonner pour sortir des considérations métaphysiques, qu’elles soient généreuses (Encyclopédie de Diderot) ou spécieuses (Gouguenheim aurat pu faire mieux que de s’appuyer sur un auteur comme René Marchand ... comme si les compétences en islamologie ou en linguistique arabe étaient épuisées).