Allégeance, pour employer une analogie qui ne vole pas trop haut, est de toujours voir gagner la France dans un match contre l’Angleterre. En fait c’est une analogie qui avait été utilisée par Norman Tebbit qui était à l’époque un ministre sous Thatcher et qui avait posé la question : dans un match de cricket, pour qui seraient les Pakistanais ou les Indiens (tout aussi férus de cricket que les Anglais) qui vivent en Angleterre ? Son argument était contre l’immigration, je m’empresse de le préciser.
Et la nationalité n’est pas une conviction j’en conviens, mais en extrapolant ce que je viens de dire, au cours de la seconde guerre mondiale, les Japonais vivant aux Etats-Unis ont été incarcérés, les Allemands en Angleterre sont devenus suspects, et il existe donc la présupposition que la nationalité ne se renie jamais ; c’est en fait le fond de certains commentaires sur ce fil ; la crainte de voir l’intérêt des minorités ou étrangers primer sur celui des Français ou de la France en leur donnant le droit de vote.
En fait, mon argument est qu’il est possible de jouer sur les deux tableaux, de s’investir au niveau local mais de conserver ses attaches avec son pays natal. Ce que j’essayais d’exprimer avec le mot conviction est que des années passées dans un pays étranger, à adopter ses coutumes, et dans une certaine mesure sa façon de penser (qui est à mon avis là où se situe les plus grandes différences) n’ont entamé en rien mon sentiment d’appartenance à la France, et surtout de me sentir totalement française. Ce n’est pas seulement comme je le disais la question d’une culture ou d’une identité commune, c’est une manière de réfléchir et de raisonner qui provoque un réflexe d’identification immédiat que je n’éprouve dans aucun autre pays.