@L’auteur,
En fait je me pose quelques questions sur l’approche qu’a l’auteur de cet ouvrage, en tenant compte du résumé que vous faites.
Pourquoi un élan aussi noble qui prétendait ouvrir à tous l’accès à la culture a-t-il ouvert sur un tel désastre ?
Qu’est-ce qui fait que la culture se dégrade. Est-ce à dire que l’accès au plus grand nombre à la culture en soi pose problème ? Sur ce point j’en doute. Si nous nous référons à l’art par exemple, n’est-ce pas Dali qui exprimait qu’il pouvait, au sommet de sa carrière, faire n’importe quelle peinture, d’un niveau qu’il jugeait lui-même d’une pauvreté artistique évidente, mais qu’il suffisait qu’il y apose sa signature pour que cela soit une oeuvre d’art ? Cette dérive n’est donc pas si récente que cela ! La dérive n’a fait que s’accroitre, et, pour satisfaire les besoins d’un marché, il faut répondre à la demande et donc créer de toute pièce des artistes qui finalement n’en portent que le nom. Ainsi l’art véritable se noie dans une bouillie sans nom, mêlant de tout et du n’importe quoi.
L’auteur use de deux métaphores pour faire comprendre que la culture malheureusement résisterait à toute démocratisation ou du moins à sa conception égalitariste. La première est celle du parc de la Villa Médicis dont, il y a peu, dix candidats se sont disputé la direction à Rome. Ils n’avaient pas tort. Car qui s’est déjà promené dans ce parc en lisière de celui de la Villa Borghese, à deux pas des somptueux escaliers de la Piazza d’Espagne, en plein cœur de Rome, sait quel bonheur on y respire devant les lignes Renaissance de la loggia de son palais. Mais voilà, si le parc est ouvert à la foule, c’en est fini de cette jouissance, tout comme il est bien difficile de goûter une toile dans la cohue qui se presse et défile en procession à une exposition qu’il est de bon goût « de faire ».
La métaphore sur la villa Médicis est peut-être pertinente, quoique les plus beaux jardins de cette longue lignée de mécènes me semble se trouver en Toscane ; beaucoup gravitant autour de Florence. Cependant, la référence à la Villa Borghese aurait peut-être nécessité quelques explications, puisque le reproche que vous faites aux visites de musées, que je partage en partie, ne s’applique pas à la villa Borghese, sans doute l’un des plus musées du monde.
La visite de la villa Borghese est réglementée, le nombre de visiteurs en simultané étant limité ; la visite ne devenant possible que par réservation. C’est donc un choix que de limiter l’accès tout en laissant à tous la possibilité d’avoir accès à la culture ; et là, il n’y a pas de sous culture dans ce musée et nous avons le temps (pourtant limité lui aussi) de nous pencher sur les oeuvres.
Je ne pense pas du tout que la démocratisation de la culture soit un problème, mais le problème se situe bien dans sa marchandisation. Tout être humain a une sensibilité lui permettant d’interpréter, à sa façon certes, l’expression qu’a voulu transmettre un artiste dans le temps ; il n’est pas nécessaire de faire des études d’histoire de l’art, bien qu’il faille, à mon sens, toujours s’informer un minimum pour mieux cerner l’expression d’une oeuvre ; mais l’approche consumériste ne pose aucunement cette condition. La question serait plutôt : pouvons-nous démocratiser la culture sans la marchandiser ? A cette question, la réponse est oui ; c’est donc un choix politique qui s’est opéré.
Par ailleurs, dès le départ, vous faites un parallèle entre l’éducation scolaire et la culture. Dès lors que l’approche est strictement la même, il est appris à consommer les connaissances comme il faudra consommer tous ce qui nous entoure, il ne faut guère s’attendre à la prise en compte des efforts à fournir pour acquérir et conserver un tant soit peu de connaissances et de bases culturelles ; la consommation est un acte instantané ; la culture, comme la connaissance nécessite du temps et des efforts.
Je peux vous citer un exemple de démocratisation de la culture, puisque je sors d’une représentation de l’orchestre national du Capitole, à Toulouse. Sauf à poser l’hypothèse peu réaliste que Tugan Sokhiev soit un piètre chef d’orchestre, que Geneviève Laurenceau soit une piètre volioniste, ... ou que les oeuvres de Tchaïkovski, Chostakovitch, Verdi, Berlioz, Saint-Saëns, Borodine, ... ne soient pas d’un niveau artistique suffisant, cette représentation a permis à nombre de personnes peu enclines à écouter ces musiques de les apprécier, au moins sur le moment !
25/06 19:25 - fernandi
@rol8329 D’accord avec vous, mais vous comparez notre époque à celle de 36, ou de la (...)
25/06 12:14 - Traroth
Encore un petit rappel : il y a une époque pas si lointaine où le système scolaire et (...)
25/06 12:12 - Traroth
Pas d’accord. L’école est là pour enseigner.Elle a du mal à le faire, le constat (...)
24/06 20:48 - rol8329
24/06 20:39 - rol8329
Bravo pour ce commentaire objectif. Je ne comprends pas l’indulgence des lecteurs envers (...)
24/06 20:28 - rol8329
Face à l’avalanche de poncifs et d’approximation, je n’ai pas dépassé le (...)
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