@ Alchimie
À ma connaissance, ces visites médicales sont exceptionnelles. Elles peuvent être, en revanche, une arme entre les mains d’une hiérarchie qui veut se débarrasser d’un prof indocile : des profs sont ainsi soumis à expertise psychiatrique parfois sans aucune raison.
Et là, la stigmatisation est difficile à contrer. Ces malheureux ne rencontrent pas toujours un expert comme le professeur Baruk.
Le 5 février 1985, dans "Le Quotidien du médecin", le professeur Baruk dénonçait déjà l’usage abusif de la psychiatrie dans l’Éducation nationale. Voici ce qu’il écrivait :
"(...) Depuis longtemps, je mène une lutte contre (l’) utilisation abusive de la psychiatrie dans les circonstances suivantes : (...)
- dans certaines administrations, et notamment dans le domaine de l’Éducation nationale, j’ai vu plusieurs fois des professeurs, notamment des professeurs de mathématiques, mis d’office en congé de longue durée pour maladie mentale parce qu’ils ont mis de mauvaises notes à certains élèves. J’ai pu une fois faire annuler ce congé. Dans d’autres administrations, j’ai vu des sujets refusant d’obéir à un ordre injustifié considérés comme "paranoïaques", tout sujet réclamant étant qualifié de "paranoïaque", sans savoir si ses réactions sont justifiées ou si elles sont délirantes.
- Certains sujets en butte à ces accusations ou à ces éliminations injustifiées peuvent finalement ne pas avoir la force de résister et tomber malades de dépression naturelle. Il en est ainsi de certaines victimes de l’administration des Impôts qui en arrivent à se suicider, faits sur lesquels j’ai attiré l’attention dans ma communication à l’Académie de médecine, le 2 octobre dernier, sur la solitude et le suicide."
Professeur Baruck , membre de l’Académie de médecine, ancien directeur de la clinique universitaire de la Maison de Charenton, disparu depuis. Paul Villach