@ Paul Villach
J’ai travaillé il y a quelques années avec un expert dans une méthode appelée "Entretien d’explicitation" et qui consiste en une procédure d’entretien visant à obtenir un témoignage relevant de l’évocation et limitant les effets de filtre, c’est à dire le témoignage modifié par le souhait inconscient du témoin de se répondre aux attentes de celui qui l’interroge.
Cette méthode est utilisée dans certains secteurs professionnels sensibles, comme le nucléaire, lors d’enquêtes de prévention.
Interrogé sur sa pratique professionnelle, sur le façon dont il effectue un geste de travail quotidien, un technicien cherchera d’abord dans son témoignage à se mettre le plus en conformité avec la procédure officielle orthodoxe.
La conséquence ? Des facteurs de risque, des pratiques hasardeuses peuvent échapper à ceux qui cherchent à mettre en place les procédures les plus fiables possibles car la réalité de la pratique de l’individu restera dans le non-dit.
Au milieu des années quatre vingt dix, il avait été appelé à présenter cette méthode devant des juges d’instruction, spécialement en vue de l’appliquer aux témoignages d’enfants.
Par exemple, le phénomène de l’induction et des "souvenirs implantés" inquiétait les enquêteurs.
Un exemple :
Un repas de famille.. On dit à l’enfant "Tu te rappelles quand ton oncle.." Une ou deux personne abondent dans le sens de ces paroles. L’enfant ne se rappelle pas. On insiste encore un peu et on passe à autre chose.
A une autre occasion, durant un rassemblement familial "Tu te rappelles quand ton oncle.. Mais si, tu sais bien, on en avait parlé à ton anniversaire.." Répétez encore quelque fois et vous aurez implanté un souvenir..
A ma connaissance, cette méthode n’a pas été retenue par la Justice.
Cela aurait-il évité Outreau ?
gAZi bORAt