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Commentaire de Paul Villach

sur Le livre de Karen Montet-Toutain, professeur poignardé : le service public outragé !


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Paul Villach Paul Villach 4 octobre 2006 18:55

Je réponds à trois remarques que vous qualifiez un peu vite de ridicules, au risque de vous indisposer davantage.

1- L’une d’elle a déjà reçu la réponse qu’elle mérite, dans le commentaire d’une lectrice. Désolé, Monsieur ! Mais les prétendues « agressions verbales à caractère sexuel », selon l’euphémisme sordide de la hiérarchie de l’Éducation nationale, dans le contexte de la tragédie de K. Montet-Toutain, sont des menaces de viol. Le sexisme, c’est connu, est dur de la feuille et a la vie dure !

2- La remarque sur les professeurs d’EPS vous a, d’autre part, choqué. Peut-être vous manque-t-il un contexte souterrain que vous ignorez.
- Il est vrai qu’on se garde aujourd’hui de parler du recrutement des chefs d’établissement. Et la proviseur qui s’est illustrée à Étampes, en ne commettant « aucune faute caractérisée » selon sa hiérarchie, est une ancienne professeur d’EPS ! D’où mon interrogation, au vu de quelques données éparses, je vous l’accorde, seulement une interrogation !
- Je n’entends pas mettre en cause les compétences des divers corps dans leurs disciplines respectives, bien sûr ! Je souligne seulement - d’autres exemples m’y incitent - qu’un professeur qui postule à un poste de direction, le fait parce que, d’abord, il ne trouve pas dans la discipline qu’il enseigne, la réalisation personnelle attendue. Nombre d’entre eux s’orientent ainsi, par défaut, vers les postes de direction, animés par un désir de reconnaissance sociale. Combien d’exemples nous montrent que les meilleurs professeurs restent eux au contact de leurs élèves, parce qu’ils s’y épanouissent bien évidemment !
- Il me semble, en regardant autour de moi, - mais je peux faire erreur - que depuis quelques années, les profs d’EPS se pressent vers cette reconnaissance sociale. Car c’est vrai, - qu’on le veuille ou non - l’EPS et les autres disciplines ne sont pas vues du même oeil. Est-ce indécent, d’autre part, de dire que, nourris de psycho-pédagogisme depuis quelques années, ou enfermés dans des pratiques propres à leur discipline, les profs d’EPS ne paraissent pas, en retour, avoir pour les autres disciplines la même considération non plus, ni concevoir les relations dans un établissement de la même manière que leurs collègues des autres disciplines ? Par « déformation professionnelle » originelle, Ils pourraient se montrer moins sensibles à certains problèmes.
- À l’occasion de l’affaire d’Étampes, il n’est pas anathème de s’interroger sur l’influence de ce paramètre dans le cheminement qui a mené à la tragédie. « De mieux en mieux... ça ne s’arrange pas » : telle a été la réponse de la proviseur à K. Montet-Toutain qui l’informait des menaces dont elle avait fait l’objet dans la journée ! On attend un autre discernement chez quelqu’un qui prétend diriger ses semblables ! C’est tout ce que j’ai voulu dire. À chacun de voir autour de soi si ce que je soutiens se vérifie ou non.

3- Quant à la relation établie avec R. Redeker qui vous paraît incongrue, il s’agit ni plus ni moins de l’autorité qu’on reconnaît à un professeur.
- Dans l’Éducation nationale, il est hors de question qu’un professeur puisse tirer cette autorité de son seul savoir personnel ! Seule, l’onction des « saintes huiles » hiérarchiques et inspectorales est habilitée a conférer au professeur une autorité qui dépend exclusivement de sa soumission à enseigner ce qu’on lui prescrit d’enseigner, y compris des erreurs.
- Ma vision de l’autorité du professeur est différente. C’est bien le moins qu’un professeur (et qui plus est de philosophie) puisse s’adresser à ses concitoyens pour dire ce qu’il pense. Le débat public devrait-il n’être animé que par les incultes du sport et du show-biz ? Les élèves, subsidiairement, tireront parti de cet article, et apprendront par là que leur professeur n’a pas autorité parce qu’elle a été validée par un inspecteur , membre d’ « une écurie, d’une coterie ou d’un réseau idéologique » - comme dit François Bayrou - , mais par la qualité des idées défendues et le courage qu’il met à les diffuser, quand des médias consentent à l’accueillir.
- En signant un article dans un journal, je considère donc que ce professeur a agi, non seulement comme citoyen à qui la liberté d’expression est reconnue - du moins en France - , mais « à l’occasion de ses fonctions » de professeur de philosophie, selon l’expression juridique. Et, puisqu’en retour il est attaqué, la collectivité publique lui doit protection. Qu’importe que l’on ne soit pas d’accord avec lui ! Qu’on lui oppose des arguments pour montrer qu’il a tort et non des menaces de mort en guise de réponse ! C’est du moins ainsi qu’on procède en Démocratie.
- En conséquence, devant les menaces de mort qui ont suivi cet article de ce professeur, la réaction du ministre est, à mes yeux, comparable à celle qu’il a eu devant la tentative d’assassinat de K. Montet-Toutain : la démission, et sous couvert du rappel au devoir de réserve, la violation de la loi qui lui fait un devoir de protection du fonctionnaire attaqué, non « dans le cadre de ses fonctions » comme veut le faire croire « le journal d’information » du ministre - que j’ai critiqué ici même sur Agoravox - mais « à l’occasion de ses fonctions », comme le prévoit la loi. Paul VILLACH


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