Branle-bas de combat au sommet de l’armée de terre. Face aux réactions suscitées par sa démission, le général Cuche, ancien chef d’État-major de l’armée de terre, est sorti de sa réserve.
Dans une lettre manuscrite adressée hier au directeur de cabinet d’Hervé Morin, Bruno Cuche affirme : "J’ai présenté ma démission au ministre parce que - et uniquement parce que - j’estimais qu’en tant que chef militaire je portais la responsabilité de ces graves dysfonctionnements". Il ajoute : "Toute autre interprétation, toutes les allégations que je lis, entends ou vois à la télévision sont infondées, procèdent d’un amalgame douteux et nauséabond".
Bruno Cuche balaie donc d’un revers de main les hypothèses selon lesquelles il existerait un contentieux politique entre le président et lui. Pourtant, dans une lettre publiée par Le Figaro en janvier, le général avait ouvertement dénoncé la "paupérisation" de l’armée de terre. Dans le contexte de la réforme des armées, ses déclarations auraient été peu appréciées.

Cette mise au point ne calme pas les tensions entre l’armée et l’Élysée. Selon des sources militaires, lundi le président Sarkozy

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a reproché au général Cuche "l’amateurisme" des forces armées. Des propos démentis hier sur Europe 1 par Hervé Morin.

Sarkozy aurait parlé "d’amateurisme"

Pour le ministre de la Défense, "Ce qu’a visé le président de la République, ce n’était pas l’institution militaire, c’était le fait divers en lui-même". Mais le chef de l’État ne décolère pas. Selon le porte-parole Luc Chatel, hier en Conseil des ministres, il a indiqué qu’il "assumait pleinement les décisions qui avaient été proposées, à savoir la décision de démissionner du chef d’état-major de l’armée de terre". Et d’insister : "C’est très grave, ça résulte de dysfonctionnements majeurs [...] et il n’est pas anormal que la responsabilité ne porte pas seulement sur ce malheureux soldat qui a tiré dans la foule".
Pour la gauche, les tensions entre l’exécutif et l’armée sont dangereuses. Bertrand Delanoë, estimant que "chacun comprend les raisons ayant officiellement motivé cette démission", a "mis en garde les autorités politiques françaises contre tout risque de fracture entre la société civile et ses armées". Le parti communiste, de son côté, réclame la démission d’Hervé Morin car "ce drame révèle la légèreté du ministre". Quant à l’UMP, elle joue l’apaisement. Pour le président Haut-savoyard de l’Assemblée, Bernard Accoyer, le général Cuche a "assumé la plénitude de ses responsabilités".
Quant aux faits eux-mêmes, hier en fin d’après-midi, quatre blessés, dont deux enfants, ont pu rentrer chez eux. Neuf personnes restaient hospitalisées.