Dans l’armée de terre, c’est la consternation après la terrible bévue de la journée portes ouvertes du 3e régiment parachutiste d’infanterie de marine (3e RPIMa) de Carcassonne. Lundi soir, le désastreux bilan humain n’a pas évolué, tandis que la journée a été notamment marquée par une déclaration sans ambiguïté de Nicolas Sarkozy, chef des armées. Il s’est rendu à Carcassonne et a déclaré à cette occasion qu’il y aurait des sanctions : "Il y a eu des négligences inacceptables. Elles devront être sanctionnées." Il avait précédemment déclaré : "La réaction sera rapide et sévère. Ce sont des professionnels, cela ne peut pas rester sans conséquence."
Dans l’armée de terre, on suppute déjà le niveau des cadres qui seront touchés par la sanction militaire en évoquant, outre le responsable du tir, ses supérieurs directs : le capitaine commandant le groupement commando parachutiste du régiment ou l’officier chef du bureau opération-instruction (BOI), qui avait signé la note de service organisant la présentation lors de la journée portes ouvertes. Les sanctions monteront-elles plus haut ? Ce n’est pas impossible. D’abord, selon le mot d’un officier, "l’un des seuls trucs qui intéressent Sarkozy en ce moment, c’est de nous punir". C’est vrai qu’il pourrait être tenté... Mais on peut remarquer que, dans la marine nationale, quand un navire est victime d’un accident de navigation - qu’il s’agisse d’un talonnage ou d’une collision - le capitaine est débarqué et sa carrière anéantie quand bien même il ne se trouvait pas à la passerelle. Dans le cas de Carcassonne, la situation est cependant très particulière puisque la passation de commandement entre les colonels Frédéric Merveilleux du Vignaux et Jean-Pierre Perrin avait eu lieu samedi soir sur l’esplanade Gambetta, donc la veille du drame, en présence du ban et de l’arrière-ban de la 11e brigade parachutiste, dont son chef, le général Marc Duquesne.
Dès ce lundi après-midi, la tonalité générale des déclarations était celle de l’accident malheureux. Dans l’entourage du ministre Hervé Morin, on expliquait "s’orienter vers la faute professionnelle". Pourtant, il y a eu un sérieux problème d’organisation générale, puisque des tirs étaient orientés vers la foule ! À l’état-major de l’armée de terre, "on n’arrive pas à comprendre la raison faisant que deux types de munitions, des cartouches à blanc et des balles réelles, on pu se trouver sur le même homme, au même moment". "Réglementairement, ça ne peut pas arriver."
Quant au procureur de la République de Montpellier, Brice Robin, il estime que le sergent de 28 ans, à l’origine du drame, "s’est trompé lorsqu’il a rechargé son arme [...]. Il avait sur lui plusieurs chargeurs, le malheur a voulu qu’il choisisse par réflexe un chargeur qui était dans une poche et qui malheureusement contenait des balles réelles". Toujours selon le procureur, le sergent a tiré "involontairement", mais n’avait pas à avoir sur lui des munitions de guerre. Celles qu’il "avait avec lui sont des balles qui proviennent d’un résidu de tirs d’une opération qui remonte à fin juin". "Il n’était pas normal qu’il ait ces balles sur lui. C’est bien pour ça qu’il est actuellement en garde à vue." Une gare à vue qui a été prolongée lundi.
"Son arme, ses munitions, c’est son affaire"
"Ce qui s’est passé est strictement impossible si le règlement est respecté", confirme ce chef de corps qui sait avec quelle rigueur tatillonne et procédurière les munitions de guerre sont gérées. Au champ de tir, chaque tireur se voit remettre un certain nombre de balles dont il fera usage, non sans rendre à l’issue de la séance les "étuis" en nombre égal à celui des munitions qu’il a perçues. Mais voici quelques années qu’une nouvelle méthode d’entraînement au tir est apparue. Elle s’appelle ISTC, pour Instruction sur le tir de combat. Pour ce colonel, qui a participé à la mise en place de cette méthode à partir de 2004, "l’ISTC est une excellente chose, visant à mettre le soldat dans une situation plus conforme à la réalité. Il doit comprendre qu’une condition de combat n’a rien à voir avec le champ de tir". Cet officier appartenant au COFAT (Commandement de la formation de l’armée de terre) confirme : "Manier une arme c’est une affaire de spécialiste. Toute la formation consiste à faire comprendre à chaque soldat les conditions dans lesquelles il devra ouvrir le feu. Y compris en faisant évoluer sa gestuelle."
Mais il se pourrait bien qu’au gré d’un entraînement plus réaliste au tir, faisant par exemple appel à des parcours dynamiques en terrain (militaire) "ouvert", il ne soit pas possible d’appliquer le règlement à la lettre. Il serait certes fastidieux de rechercher toutes les douilles vides sur des centaines, voire des milliers de mètres carrés. "Il y a une certaine tolérance, glisse un officier réaliste. [...] On peut laisser passer quelques absences." Et c’est au gré de ces tirs lors de séances d’ISTC que des balles réelles pourraient se retrouver, pas forcément par inadvertance, dans une poche de treillis, quand elles auraient dû réintégrer la soute à munitions régimentaire à la fin de la séance...
On rejette cette hypothèse à l’état-major de l’armée de terre, où le colonel Benoît Royal, chef du Sirpa-Terre relève que "l’ISTC, c’est la responsabilité accrue de chaque individu". "Son arme, ses munitions, c’est son affaire. Mais cela ne change absolument rien pour ce qui concerne le contrôle des munitions, l’inspection après une séance de tir, et la restitution." Sauf que, à Carcassonne, ce n’est pas ce qui s’est passé ! Et qu’une revue de fond en comble des procédures va devoir être entreprise... À la défense, chacun dit attendre les résultats de l’enquête militaire de commandement diligentée par le ministre et de l’enquête judiciaire. Elles seront longues. Il n’est pas certain que ce tempo soit celui du Président, chef des armées. Il pourrait être tenté de sévir très vite.
14/08 17:34 - nicolas Dalot
Salut à tous, Plusieurs précisions sur l’article de morice : « La Délégation à (...)
26/07 23:10 - E-fred
Le soldat rêvé de Sarkozy !!! Sarcos XOS exoskeleton ( sans rire...) (...)
17/07 13:47 - morice
il aura démissionné pour rien en définitive.... "erreur individuelle" dit (...)
11/07 11:27 - morice
ALORS COMME ÇA, selon certains ici il ne fallait pas faire de lien entre l’extrême (...)
11/07 11:18 - morice
10/07 22:35 - morice
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