Six mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amendes. Tel est le verdict prononcé, mercredi 2 juillet, par le tribunal de Tissemsilt à l’encontre de deux Algériens convertis au christianisme. Rachid Mohammed Seghir, 40 ans, et Jamal Dahmani, 36 ans, tout deux informaticiens, avaient été condamnés, en novembre 2007, par contumace à deux ans de prison ferme et 5 000 euros d’amendes pour "prosélytisme et exercice illégal du culte non musulman". Des motifs d’accusation passibles, au regard de la loi du 28 février 2006, de cinq ans de prison et d’amendes de 5 000 à 10 000 euros.
La loi considère comme prosélyte toute personne qui "incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion".
Les deux informaticiens avaient été arrêtés à Tissemsilt, à plus de 300 kilomètres au sud-ouest d’Alger, le 7 avril 2007. Des bibles et des CD-ROM religieux avaient été découverts lors d’une fouille de leur véhicule.
Mustapha Krim, président de l’église protestante d’Algérie, s’est dit scandalisé par ces verdicts pour des délits d’opinion. Le verdict est sévère, selon l’avocate Khaddija Khalfoun, qui défend également d’autres Algériens convertis poursuivis en justice.
Parmi eux, Habiba Kouider, une musulmane convertie au christianisme, accusée de pratique d’un culte non musulman sans autorisation et contre laquelle une peine de trois ans avait été requise.
L’affaire avait fait grand bruit et une partie de la presse locale s’était indignée contre une atteinte à la liberté de conscience. L’affaire Habiba Kouider reste en suspens, le tribunal ayant demandé, le 27 mai, un complément d’information.
Le verdict de mercredi à l’encontre des deux informaticiens atténue les peines mais confirme l’accusation de prosélytisme. Une situation semblable à celle du prêtre catholique, Pierre Wallez, poursuivi pour avoir organisé une prière auprès de migrants camerounais. Condamné dans un premier procès à une année de prison avec sursis, sa peine avait été réduite en appel à deux mois de prison avec sursis.
LOI CONTRE LE PROSÉLYTISME
La loi de février 2006 contre le prosélytisme cible particulièrement les évangélistes dont la capacité à gagner des adeptes parmi les nationaux inquiète. Un succès très relatif, les chrétiens toutes confessions ne dépasseraient pas les 30 000 individus sur une population de 35 millions de personnes.
La pression des responsables de la hiérarchie musulmane traditionnelle contre les évangéliques reste forte. Le président du Haut Conseil islamique, le cheikh Bouamrane, a décrit le mouvement comme une forme de néocolonialisme. Le ministre des affaires religieuses, Boualem Glamallah, a fait de son côté un parallèle entre l’action des évangéliques et le terrorisme.
Amir Akef