Le prête-nom signe un pouvoir en blanc qui comporte notamment le droit d’ouvrir et de faire fonctionner un compte bancaire, ainsi que le pouvoir de déléguer ses propres pouvoirs.
Il touche sa rémunération et rentre chez lui.
On ajoute le nom d’un intermédiaire sur le pouvoir en blanc.
L’intermédiaire ouvre le compte et délégue le pouvoir de le faire fonctionner au bénéficiaire final.
Il touche sa rémunération et rentre chez lui.
Le bénéficiaire final se fait connaitre de la banque. Il fait alimenter le compte par des tiers.
Il ne lui restera plus qu’à faire fonctionner ce compte sur simple appel téléphonique à son contact à la banque.
Le contact, qui est un membre de la direction de cette banque, reçoit les instructions téléphoniques du bénéficiaire et signe les ordres qu’il adresse à ses services d’exécution.
Les services exécutent l’ordre signé par leur supérieur.
Voilà un montage possible, il en existe d’autres. J’ai simplement omis quelques détails sans importance et qui ne modifient en rien l’allure générale de ce que je vous ai décrit.
Vous voyez bien :
1) Que le prête-nom ne sait rien.
2) Que tout repose sur la confiance que s’accorde les différents intervenants.
3) Que le nom du bénéficiaire final n’apparait nulle part dans les fichiers de la banque et qu’il est donc impossible de tirer le nom de ce bénéficiaire d’aucun document sortant de la banque.
Il est bien évident qu’un compte de cette nature ne peut fonctionner qu’en ligne créditrice et que le banquier n’accordera aucun découvert.
Il est également évident que le banquier n’ouvrira des comptes de cette nature qu’à des intermédiaires qu’il connait déjà et avec lesquels il travaille d’habitude. Ces intermédiaires sont en général des cabinets juridiques ayant une crédibilité et une réputation de sérieux indiscutables. Ils ne présenteront que des bénéficiaires finaux également fiables et dignes de confiance. Tous les pouvoirs et délégations de pouvoirs signés entre les parties sont enfermés dans un coffre on ne sait où. D’ailleurs personne ne sait si de tels pouvoirs existent, ni s’ils ont été délégués au profit de qui que ce soit.
Lors d’une enquête éventuelle, on demandera au banquier s’il connait telle ou telle personne et il répondra simplement : Non. Et si on lui cite un compte tenu dans sa banque et réellement existant, il répondra qu’il n’y a aucun lien entre ce compte et la personne dont on lui a cité le nom. Et il sera impossible de prétendre le contraire sans avoir une copie des délégations de pouvoir qui sont planqués on ne sait où, parfois à des milliers de kilomètres.
Le résultat sera le même si on pose les mêmes questions à l’intermédiaire.
Et si on prétend que ce compte a abrité des transactions délictueuses, il faudra démontrer en quoi elles sont délictueuses avant toute requête auprès de la banque. Je vous signale en passant qu’une fraude fiscale en France n’est pas un délit au Kamtchtka. Car le Kamtchatka, ou peu importe, est un pays souverain qui n’est pas tenu d’adopter la loi fiscale française comme sienne, ni de la faire respecter en Laponie.
Le problème peut être different si on peut pouver que les opérations concernées sont du blanchiement d’argent provenant d’un trafic de drogues, par exemple.
Quant au prête-nom, on le choisit à l’autre bout de la planète et son rôle consiste seulement à signer des pouvoirs en blanc.