à "Jacques" qui radote des fadaises poujadistes et hargneuses (et à tous ceux qui considèrent que réduction des dépenses de l’état = réduction du nombre de fonctionnaires)
a) d’abord c’est débile : pour atteindre un déficit zéro par la seule réduction du nombre de fonctionnaires (de la fonction publique d’état), il faudrait réduire leur nombre de plus de 1/3 et rapidement qui plus est. Cela va très largement au-delà de ne pas remplacer les départs à la retraite et très largement au-delà de ce qui créerait un bordel innommable (si on le faisait - par exemple - en 3 ans) sur ce qui est assumé par l’état sauf à sérieusement supprimer des missions (et surtout pas à les sous-traiter, ce qui revient plus cher le plus souvent).
La vraie manière d’aborder la réduction des dépenses de l’état c’est en fonction des missions, en tenant compte des masses financières, pour voir où trouver comment économiser 50 milliards. Celles-ci sont rappelées dans wikipedia à partir de la loi de finances 2008 :
- Remboursements et dégrèvements : 83,1 milliards d’euros ;
- Enseignement scolaire : 59,3 milliards d’euros ;
- Engagements financiers de l’état : 42,4 milliards d’euros ;
- Défense : 36,8 milliards d’euros ;
- Recherche/Enseignement supérieur : 23,3 milliards d’euros ;
- Sécurité : 15,9 milliards d’euros ;
- Travail et emploi : 12,3 milliards d’euros ;
- Solidarité : 12 milliards d’euros ;
- Gestion des finances publiques : 11,3 milliards d’euros ;
- Ecologie, aménagement, développement durable : 10,1 milliards d’euros ;
Donc 1) le plus gros poste de dépenses c’est remboursements et dégrèvements (ce n’est pas là qu’il y a le plus de fonctionnaires à supprimer), ce pourrait aussi être un gros poste d’économies....
2) Ensuite on a l’éducation : il se trouve que les pays qui marchent sont ceux qui mettent et ont mis le paquet là-dessus (Japon, RFA etc.). On peut améliorer certainement notre système, mais le faire en réduisant sérieusement l’investissement.. ça va être difficile.
3) Ensuite on a le service de la dette... pas très modifiable...
4) Puis la défense : vieux débat, combien faut-il y consacrer ? Autant que les Etats-Unis ? Pas raisonnable. Aussi peu que la RFA ? Nous ne serions plus une "grande puissance" qui parle aux Etats-Unis et fait cocorico en Afghanistan... En tout état de cause on gagnera difficilement 10 milliards / an et encore pas tout de suite
5) Recherche et enseignement supérieur : le constat unanime est.. qu’on n’y met pas assez d’argent, notamment si on compare aux pays qui réussissent mieux que nous...
6) Sécurité : j’imagine mal M Sarkozy diminuer ces dépenses-là, lui qui a construit son identité politique sur son rôle de ministre de l’intérieur qui censément terrorise les délinquants..
Après on est vite dans des budgets de relativement petite ampleur, ça va être dur d’y trouver 50 milliards.
Bref : là où on a - à court terme - le gisement le plus prometteur c’est quand même bien ce qui est niches fiscales et autres dégrèvements... Mais ça demandera plus de courage que de supprimer des postes de fonctionnaires.
Une remarque : on a coupé dans les impôts. Un ralentissement économique cela va de plus réduire les rentrées fiscales, donc les 50 milliards de déficit annoncés pour 2007 ont vocation à gonfler.
Ronald Reagan avait commencé par couper dans les impôts. 2 ans plus tard voyant la situation mal tourner.. il les avait brutalement remontés...
Bilan : je ne crois guère à ce stade à une démarche qui raisonnerait en fonction des missions. Aussi bien la réforme de la carte judiciaire que le quota de postes de fonctionnaires à supprimer ont au contraire été marqués par une approche assez bestialement comptable. Je suis donc assez pessimiste.