à l’auteur
Article documenté et construit, heureusement que l’on trouve encore des contributions de ce type sur agoravox et pas seulement des commentaires à l’emporte pièce.
Quelques compléments qui me paraissent illustrer le fait que les dérives sont anciennes :
- Fanny Mae et Freddy Mac avaient été créées en tant qu’organismes publics à l’époque de Roosevelt pour amortir l’impact de la grande dépression. Pourquoi ont-ils été privatisés en 1968 ? Selon les historiens (voir par exemple en version grand public) parce que président Lyndon Johnson dont le budget souffrait de la guerre du Vietnam voulait enlever ces deux monstres du bilan de l’état et notamment du bilan de la dette publique. Pour le même genre de raisons Nixon a plus tard rayé d’un trait de plume la convertibitlité du dollar et provoqué par là la crise des années 70. Les Etats-Unis pèsent moins aujourd’hui dans l’économie mondiale qu’en 1970-1975 mais gageons que la crise profonde de leur système financier aura des répercussions sur plus d’un an...
On peut aussi relever que depuis quelques années nos gouvernements en France s’échinent à retirer des éléments du bilan de la dette ou du bilan du budget, un peu comme Lyndon Johnson en 1968....
- Ces deux banques devenues privées ont déjà failli faire faillite à la toute fin des années 70-début des années 80 : l’inflation couplé à une économie atone (stagflation de l’époque) avait cisaillé leurs équilibre. C’est la chute de l’inflation et la politique de relance opérées par l’administration Reagan (rappelons en passant que certains se sont amusés à calculer que la croissance annuelle de ces annes là aux Etats-Unis, une fois convertie en dollars, était équivalente à la croissance de la dette publique américaine ces années là, ça c’est de la politique libérale...) qui leur ont permis de passer le cap. Cela fait donc longtemps que l’on sait que ces deux monstres peuvent être très fragiles. A la fin des années 80 Reagan avait voulu les faire basculer vers un statut strictement privé (et non plus Congress chartered), tout en accentuant leur rôle de financier des organismes de crédit, voir ici par exemple. Ce qui est intéressant aussi est que c’est à ce moment là que l’on les a fait prendre un rôle d’achat de produits dérivés... voire se concentrer là-dessus, tout en accentuant leur caractère privé. La faillite actuelle de ces deux monstres a beaucoup à voir avec le fait qu’ils ont progressivement acquis de plus en plus de produits qui s’avèrent ne plus rien valoir.
- il y a peu d’années, en 2003 (Freddy Mac) puis en 2005-2006 (Freddy Mae) il a été beaucoup question de Fanny Mae et Freddy Mac : d’abord à cause de scandales comptables massifs, portant sur des corrections de plusieurs milliards dans les bilans, voir par exemple ici ou là, une dizaine milliards pour Fanny Mae, plus de cinq pour Freddy Mac, Fanny Mae étant dirigé par un ex-démocrate et Freddy Mac par un républicain. Cela s’est accompagné d’audits et aussi d’audtitions au Congrès. Pourquoi ces dérives : les actionnaires au vu d’un bilan amélioré pouvaient toucher plus de dividendes et en retour gratifiaient les patrons de primes plus plantureuses, air connu non ? A l’époque il y a eu des débats animés au Congrès autour de l’idée de mettre en place une supervision plus stricte de ces organismes, qui s’est heurtée à l’idée que ce n’est pas le rôle des autorités publiques de mettre leur nez dans le business...
Au total :
a) d’abord la crise immobilière aux Etats-Unis et la crise boursière étaient annoncées depuis longtemps. Dès 2005 de nombreux analystes s’alarmaient des risques sur le marché immobilier et prédisaient un effondrement ; le marché lui-même a commencé à se retourner au second semestre 2006, même si certains le contestaient encore en septembre (en France on trouve encore en ce moment des gens pour dire que le marché va seulement se stabiliser...).
En 2007 plus d’un prédisait l’effondrement à suivre de la bourse, à la même époque nos politiques faisaient l’autruche. Il est en train de commencer.
b) Selon certaines estimations Freddy Mac et Fanny Mae garantissent directement et surtout indirectement 45% des prêts immobiliers aux Etats-Unis. Cela fait que d’un côté le gouvernement ne peut pas les laisser tomber, mais que d’un autre côté les sommes qu’il va devoir garantir seront énormes. L’impact sur le dollar devrait être massif.
Pour finir une phrase d’un article (1) de la fin des années 80 qui dit tout : "Although privately owned for profit, GSEs can expose the U. S. Treasury—and taxpayers—to massive financial liability" "Bien que propriété privée d’investisseurs qui en attendent du profit, les GSE exposent l’état et les contribuables à des risques financiers massifs".... pas seulement aux Etats-Unis... (1) Government-Sponsored Enterprises as Federal Instrumentalities : Reconciling Private Management with Public Accountability, R.-C. Moe & T.-H. Stanton, Public Administration Review, Vol. 49, No. 4, 1989
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