Petit manuel de la rhétorique captieuse :
Leçon numéro 1 : Ellipse de la critique : "Comment rendre un discours inepte sans aborder le sujet auquel il renvoit "
1. Exposez la proposition à critiquer mais évitez de l’attaquer directement. Tout au plus pourrez-vous glisser une ou deux affirmations péremptoires.
2. Prêtez à vos opposants des idées ou intentions stupides, fausses, extrêmes, risibles si possible. ll importe ici de présenter la proposition intiale comme une condition suffisante du flot d’inepties dont vous vous faites le valeureux rapporteur. N’hésitez pas à donner dans l’exagération : c’est en fait cette attitude qui vous assurera le crédit attendu, comme expliqué en 3.
3. Débutez ou concluez ce prétendu discours par la phrase clé : "c’est ce qu’ils pensent sans oser le dire". Une telle affirmation permet de réveiller la suspicion du lecteur et vous assure du crédit, en tant qu’honnête débusqueur de l’hypocrisie.
4. Il ne vous reste plus qu’à attaquer les propos que vous venez de tenir . Le lien de condition suffisante entre la proposition initiale et votre envolée délirante assurera la transitivité de vos critiques et jugements. Vous avez ici l’embarras du choix :
- attaquer le discours sur le fond : l’argumentation fallacieuse si vous avez exposé des raisonnements, la véracité s’il s’agit de prétendus faits, le danger qu’il représente si vous avez imaginé des décisions, attitudes, comportements.
- tourner la forme en ridicule. Si si ! Ca a l’air énorme dit comme ça, mais n’oubliez pas le pouvoir de "c’est ce qu’ils n’osent pas dire" ! .
- insister sur la démesure des propos.
5. Vous pouvez conclure par votre position sur le sujet, si toutefois vous avez une plus élaborée que "la peur irrationnelle suscitée en vous par le point de vue de l’autre". (1). Si ce n’est pas le cas, contentez-vous de dire qu’une position plus modérée que le fanatisme que vous avez "rapporté" serait attendue/nécessaire/souhaitable etc.
Un exemple : attaquer la position "Le colonialisme fut une infamie, la France doit reconnaître ses crimes"
1. Le passé colonial français est en accusation. Les procureurs somment la France d’entrer en repentance. [...] Ce quasi-silence n’a pas désarmé ceux qui ne trouvent dans l’aventure coloniale que des motifs de honte, oubliant tout ce qu’elle a eu de fécond, de généreux et de grand.
2. Allons au bout de la réflexion ; dépassons l’émotion, le bon sentiment, la pitié devient dangereuse et la rhétorique prend le caractère infernal de toutes les idéologies dès lors qu’elle se radicalise. (2) Si ces gens-là avaient le pouvoir de faire ce qu’ils disent, on pourrait imaginer qu’un prochain président de la République fasse sien ce programme :
"La langue française est, bien sûr, le vecteur le plus pernicieux et insidieux de notre influence"
"Nous allons arrêter cette exportation du français et les Africains vont réapprendre à penser, parler, écrire, dans les langues vernaculaires qui étaient les leurs avant notre invasion. Pour cela nous fermerons nos collèges, nos lycées, nos centres culturels, les Alliances françaises où nous continuons, très hypocritement, de coloniser les esprits. Par ce moyen, les Africains retrouveront leurs racines, leurs croyances, l’art de vivre de leurs ancêtres et une civilisation qui ne demande qu’à resplendir de nouveau."
"L’effort de décolonisation s’opérera dans tous les domaines. La France, le français, les Français vont redevenir pour l’Afrique et les Africains ce qu’ils étaient avant la colonisation : des inconnus."
"Tout ce qui rappelle le souvenir de la France doit disparaître : églises, bâtiments, ambassades, monuments, les liaisons aériennes, maritimes, la radio, la télévision. Plus aucun échange ne doit avoir lieu."
3. Voilà le discours inscrit en filigrane chez ceux qui voient dans la colonisation l’abomination des abominations.
4. Le discours est ambigu car il pourrait être tenu par les deux extrêmes : une ultragauche qui, pour la pureté du dogme n’hésite jamais à faire le bonheur des peuples, malgré eux, même au prix du malheur – le passé récent et lointain les a vus à l’œuvre et on connaît le bilan – et une ultradroite s’en satisferait aussi bien pour des raisons opposées, mais dans une connivence là encore classique : couper les ponts signifierait que l’Afrique abandonne la France, cette ultradroite jugeant qu’une néo-colonisation du pays est en cours par les Africains qui n’apportent que leur misère et leur désordre.
5 . On voit que décolonisation est un mot dangereux, à manier avec précaution et que l’Afrique francophone, en ne le reprenant pas à son compte, montre une sagesse dont devraient s’inspirer certains fanatiques.
(1) : Nous vous suggérons toutefois d’utiliser d’autres procédés si vous n’êtes pas ce cas.
(2) : Appréciez ici la mauvaise foi avec laquelle vous pouvez jouer sur le sentiment de peur du lecteur (peur de l’extrémisme idéologique) en insistant sur les bienfaits de votre attitude prétendument rationnelle. A titre d’exemple, nous pouvons pousser le cynisme jusqu’à affirmer que le fanatisme se nourrit du sens moral de l’Homme. Pour ce faire, il suffit de qualifier tout sentiment humain d’émotion irrationelle et démeusurée.
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