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Commentaire de Gazi BORAT

sur Alerte : hécatombe d'humoristes en France


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Gazi BORAT 24 juillet 2008 07:36

@ COSMICDANCER et FP


Je navais point vu que ce commentaire sur "l’humour noir" avait été posté en un autre lieu, dans le fil d’un article de Florentin Piffard sur le caractère "rigolicide" qu’il attribue aux Juifs et qu’il trouva bon d’illustrer d’un photographie de pogrome que j’ai trouvé particulièrement choquante.

Je reproduis mon commentaire et mon coup de sang par la même occasion en m’abstenant de formuler ici les injures qui me viennent spontanément aux lèvres en face de tels individus..


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@briely67


  • L’homme qui rit en regardant des photographies de pogromes
     

Brrr.. Plutôt sinistre l’illustration du texte sur "les Juifs peuple rigolicide"..
Cette joyeuse scène est extraite, si mes souvenirs sont bons, des premières exactions qui suivirent l’entrée des troupes allemandes à Varsovie. Tout à la joie de cette fraîche conquête, certaines troupes relevant de ce qui allait devenir plus tard la Waffen SS s’en prirent à ce qui était pour eux l’image du Juif : le Hassidique avec sa barbe et ses papillottes.

On notera que, pour la postérité, ceux ci l’ont affublé d’un châle de prières pour le fixer sur l’objectif en train de se faire tondre la barbe. Peut-être leurs forfaits accomplis, ces fiers soldats ont-ils arpentés les rues du ghetto en entonnant un chant qui alors avait leurs faveurs et dont le refrain disait :

  • "Et nous laverons nos baïonnettes dans le sang des Juifs"
     
Peut-on rire de tout ? Demandera sans doute l’auteur de ce torchon... La prochaine étape de sa confrontation avec la "bien pensance" et le "politiquement correct" dont il pourra se présenter comme victime sera-t-elle l’illustration d’articles humoristiques avec des photographies d’Auschwitz, de Maïdanek, de Treblinka ?

On pourrait, avec bienveillance, imaginer que tout ceci n’est qu’involontaire collision d’un texte pas très drôle avec une image plus que sinistre, maladresse ou manque de culture... mais le style du texte, avec ses phrases hachées, sa profusion de points d’exclamation, est une imitation frappante du style du Docteur Destouche, en ses pires pamphlets antisémites.

La collision de ce texte et de cette photographie me chanque d’autant plus que ceci provient d’un auteur, plus discret en des sites comme celui où nous nous trouvons actuellement et qui semble se "lâcher" par ailleurs devant un public sans doute mieux choisi.. mais l’internet est une auberge ouverte à tous vents.

Ce qui me choque aussi est que ce même auteur se pose habituellement en parangon de morale, défenseur du christianisme impudemment moqué et critiqué alors que, de mon souvenir, je n’ai pas encore rencontré sur le net d’articles pseudo-humoristiques illustré de photographies de religieuses violées ou éventrées durant la Guerre Civile Espagnole..

Ce qui me choque encore, c’est mon souvenir de l’inransigeance du même auteur dans un de ses précédents articles, devant un Badiou qui fit usage de l’expression "Homme aux rats" (référence au titre d’une des premières psychanalyses publiées par Sigmund Freud) et dont cette odieuse utilisation d’une image à référence animalière était le symbole de l’abject et du fascisme.. Par contre, la photographie d’un homme humilié par ses bourreaux avant sa probable mise à mort relève de l’humour..

Le personnage patiemment tissé de chroniqueur au ton badin, jamais remis du choc de Vatican II, persiflant les prêtres dont il soupçonne l’homosexualité, parfois plus agressif quand il mêmne sa croisade contre les Mahometans jette enfin le masque : et celui nous montre un individu relevant d’une longue tradition où le catholicisme obtu dont il se prévaut s’en prenait aux "Juifs perfides" en ses rituels, où l’organe français de l’Eglise (La Croix) portait en sous titre "le journal le plus antisémite de France".. Celui où cet antisémitisme chrétien, lorsqu’il rejoignit les théories racistes et l’anticapitalisme dévoyé menèrent à cette image de haine déshinibée montrée plus haut et aussi celles-ci que l’auteur se garde (sans doute pour plus tard) de montrer : A partir d’aujourd’hui, comme Poincaré devint un jour pour les pacifistes "l’homme qui rit dans les cimetières" Florentin Piffard restera désormais "celui qui rit devant les images de pogromes".

Ai-je un problème avec l’humour ? Serais-je devenu réactionnaire en n’acceptant pas de rire de tout ? Peut-être... mais ici, les limites de l’abject ont ici été largement dépassées..


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