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Commentaire de René Job

sur Offre raisonnable d'emploi : le Danemark mis hors jeu


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René Job 12 août 2008 04:55

Pourquoi un tel dispositif ne peut pas fonctionner ?

1/ Nos économies sont globalement en sous activités. En effet la création d’emploi et liée à la création de richesses laquelle est liée aux emplois : le producteur est aussi le consommateur. Verser des salaires, c’est aussi créer directement ou indirectement son propre marché avec des clients à satisfaire.

Il existe environ 500.000 offres d’emplois non pourvues pour la France. On pourrait croire que les français ne veulent pas travailler, ne veulent pas se qualifier.... et pourtant ce n’est pas le cas !

La réalité, c’est que nombre d’emplois ne sont pas pourvus pour de mauvaises raisons économiques : la discrimination. Et oui, c’est tout bête.

Les femmes avec enfants, les jeunes, les "vieux" (notion sans cesse en évolution), les handicapés, les laids, les gros, les maghrébins, les noirs, les syndicalistes.....ne sont pas dignes d’accéder aux emplois.

On a donc une situation construite de toute pièce. Ces emplois engendreraient de la valeur mais on préfère ne pas les pouvoir plutôt que d’avoir un candidat(e) indésirable.....bref ce comportement est anti économique au sens ou on "paie" (chez l’entrepeneur par perte de création de richesse) pour attendre le candidat(e) idéalisé.

Pendant ce temps, on "paie" aussi ces personnes puisqu’elles vivent des revenus sociaux faute de travail rémunéré.

Résultat, on paie globalement des deux côtés : entrepreneurs et Société.

Les employeurs se plaignent du manque de "volonté " des candidats et font pression sur les pouvoirs publics pour obtenir des aides de toutes sortes en se faisant passer pour de bons samaritains : subventions d’implantation, marchés publics, emplois aidés totalement exonérés des charges sociales à des prix imbattables, les gens n’ayant déjà plus trop le choix. Car contrairement à des idées reçues, mieux vaut un contrat au smic que les minima sociaux. Bref la pression est déjà là. Mais nos entreprises se mettent elles mêmes en difficultés. Payer des bas salaires augmente artificiellement la productivité mais ne crée pas de consommateurs..... les marchés stagnent et seuls des "trucs" juridico-comptables et des manoeuvres d’externalisation donnent l’impression d’une "croissance".
Ne parlons même pas des pertes de savoirs au fil du temps.

Mais tout cela vu de l’entreprise est parfaitement logique car du point de vue du calcul économique, il est rationnel et raisonnable d’agir ainsi. A l’exception du non recrutement des personnes discriminées. Mais çà, on ne le calcule justement pas. C’est pourtant là qu’est l’irrationnel.

Exemple de ce que peut faire un handicapé : Stephen Hawking (Google is my friend) .

Donc ce point fait comprendre qu’on ne forcera pas l’employeur passant une annonce à embaucher quelqu’un dont il ne veut pas. Si la personne n’a en plus pas d’expérience, pas de formation ou quelqu’autre biais qui lui permet de dire "non", il ne s’en privera pas. Un autre biais peut être justement la distance : le temps de trajet est fondamental : l’employeur craindra que son employé n’arrive pas à l’heure du fait de la distance, des heures, des encombrements et de la fatigue. Tout ce qui implique des pertes de productivité, de la perte de qualité dans la production etc...... Bref, aucune raison de prendre le moindre risque. L’entrepreneur gère les risques et là....il y en a une accumulation. Sans parler du principal : la motivation inexistente. Contrairement à ce qu’on croit, "l’esclave" doit se croire libre pour être utile.

Résultat, toutes ces mesures ne changeront rien à la situation présente sinon de démontrer la bonne volonté des gens. Mais on sera obligé de leur servir encore des revenus sociaux.

2/ L’autre raison qui rend ce système inopérant : c’est que les entrepreneurs s’en fichent. Aujourd’hui, ils veulent être libres. Complètement libres. Pas question de s’attacher des employés à vie. Le terrain de jeu pour un bon nombre est la planète. Même s’ils n’y arrivent pas, c’est quand même leur horizon. A défaut de réussir à l’export, de s’implanter à l’étranger, on pourra toujours developper l’activité localement puis revendre la structure à une firme internationale fonctionnant en réseau modulaire. Bref, c’est la vente de l’entreprise en soi qui est visée. On la développe suffisamment puis on la vend au meilleur prix.

Mais pour se faire, le nombre d’employés doit rester bas et eux mêmes dans leur composition ne doivent poser aucun problème particulier. Les emplois doivent tous être justifiés et hautement rentables. Pensons aux dernières dispositions sur le temps de travail des cadres (ingénieurs, architectes, commerciaux, juristes, compatbles etc...). Donc très peu de salariés à faible ou moyenne qualification. Pas de salarié posant problème (revoir le point 1/). Une structure souple fonctionnant avec l’externalisation et les NTIC.

Dans cette "ambiance", je ne vois pas où est la place des chômeurs. Vous m’objecterez : le bâtiment, la restauration, l’agriculture. Je répondrai : ces secteurs fonctionnent notoirement avec du travail au noir. C’est ce qui les rend encore compétitif. N’oublions pas que payer même au smic la main d’oeuvre des chantiers (charges payées bien sur) reviendrait à monter directement le prix des chantiers publics donc réduirait les capacités de réalisation des collectivités publiques sauf à monter les impôts.....
Bref nous baignons en pleine hypocrisie du fait des contraintes contradictoires qui lient les décisions politiques et les décisions économiques.

Pour toutes ces raisons : je ne crois pas que les gens retourneront au travail dans des emplois qui ne leur correspondent pas sauf une minorité. Mais au total, çà ne changera rien. Ce qui changerait quelque chose ne peut pas venir de l’Etat ou d’une mesure politique de ce type : çà serait la prise de conscience des pertes économiques lourdes engendrées par le refus d’embaucher les gens pour de mauvaises raisons.

La discrimination et le travail au noir sont à mon sens les deux vrais problèmes à résoudre.

Pour l’instant, les "vieux" partent à la retraite de force alors qu’ils pourraient être productif et vivre mieux. Les français noirs ou maghrébins sont souvent démotivés et amers. Beaucoup ne peuvent vivre régulièrement de leur capacité de travail. Les handicapés idem (cf Hawking). Les femmes sont souvent sous payées et même cadres ont des carrières moins rémunératrices sans compter quelles ont encore du mal à accéder aux fonctions dirigeantes dans de nombreuses structures.

Je ne pense pas que dans une économie mondialisée et modularisée avec des pratiques de discriminations fortes les offres anpe puissent remédier au chômage. C’est une illusion en ce qui concerne la France.

Le gouvernement a versé dans le discours patronal factice sans réaliser que ces décideurs avaient éventuellement des intérêts et des comportements qui allaient à l’encontre de ce qu’ils déclaraient.

Si nous étions anglais de mentalité, ces phénomènes ne compteraient pas. Chez eux, la couleur, l’origine sociale, l’expérience, la formation ne compte pas autant voire pour les discriminations pas du tout.

La France a un problème économique majeur lié à sa mentalité eugéniste déniée. Les solutions des autres pays ne seront donc pas forcément applicables chez nous sans la prise en compte sérieuse de cette question car elle constitue, me semble t il un obstacle invincible au changement.

Vous remarquerez que les discriminés ont tous comme dénominateur commun de passer pour des gens moins "rapides" moins "disponibles" moins "adaptés" pas "comme il faut idéalement".

Le jeune n’est pas rapide car ses savoirs sont souvent incertains. Idem pour un débutant à n’importe quel âge. La femme mère de famille n’est plus disponible. Le noir et le maghrébin passent pour des gens aux comportements inadaptés. L’handicapés manque de rapidité et suppose des aménagements dans le travail (=dépenses). L’obèse passe pour quelqu’un qui se fatigue vite (pas assez rapide). Le "vieux" comme" l’obèse" est en perte de vitesse asymptotique. Au fond dans cette logique "productiviste" qui conduit à de l’eugénisme, seule la figure du "laid" est véritablement révélatrice puisque restant inexpliquée autrement. Je ne parle même pas des compositions de critères.

Pour finir, la seule mesure qui pourrait émaner du gouvernement et qui détendrait les marchés de l’emploi serait de permettre aux gens de négocier à l’amiable les fins de contrat. Le tout sans perte des droits sociaux (assurance chomage etc). On fludifierait les marchés et peut être que les employeurs prendraient quelques risques. Toutefois çà reste hypothétique. On réduirait au moins les conflits.




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