Précisons quand même de quoi on parle. Les importations en provenance des pays en développement (du moins les pays dits ACP, Afrique Caraïbes Pacifique) sont déjà complètement libres de droits de douanes en Europe ; le succès éventuel du cycle de Doha n’aurait donc absolument rien changé au "bonheur" du petit paysan burkinabè de ce point de vue.
En revanche, la production agricole européenne (et américaine) est quant à elle toujours largement subventionnée et inonde le reste du monde de ses produits à bas prix, ce qui pousse le ouagalais à acheter du lait en poudre Nestlé plutôt que le lait du petit paysan local, qui a d’ailleurs fini par vendre ses vaches et s’installer lui aussi à Ouaga où il vend des transistors à la sauvette et dort sous des taules.
Ne nous trompons donc pas de cible : le bonheur du petit paysan burkinabè n’est pas forcément dans la vente de ses produits aux bobos parisiens en quête d’exotisme et de bonne conscience ; en revanche, il serait définitivement dans la suppression pure et simple de la PAC, qui lui permettrait enfin de vivre de sa production et de vendre ses produits à ses propres concitoyens.