MOI QUI NE SUIS PAS ARABE ….
Merci pour ce commentaire, lire aussi sur ce blog l’article proposé par "La taverne des poètes" :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43118
Moi ’qui ne suis pas arabe’ j’ai eu le bonheur de voir et entendre deux fois Mahmoud Darwich, présenté et traduit devant un public qui buvait sa langue dans un ravissement intégral...
J’ai bien sur choisi trois textes qui peuvent parler à tous, même au-delà de la traduction qui fait perdre aux mots leur musique et une part de leur sensualité... Il a été écrit que ce que disait Mahmoud c’était une METAPHORE DE LA PALESTINE... L’expression me semble juste, en entendant aussi que cette métaphore va au-delà de son sujet, comme métaphore de l’humanité humiliée tout entière...
Il parlait aussi hébreux et en Israël certains ont tenté faire entrer une partie de ses œuvres dans l’enseignement commun, mais le projet est bloqué par ceux dont les pères ont chassé son père de sa terre et qui croient que la négation peut être plus forte que la vie... Mahmoud s’interroge " si ma rose avait été plus forte que le glaive..." Le meilleur hommage est de lui répondre que la rose EST plus forte que le glaive et qu’ils sont misérables ceux qui croient pouvoir le taire...
Mahmoud Darwich a pu dire qu’il n’était pas sur que la poésie puisse changer le monde... Bien sur la poésie ne suffit pour abattre les murs et panser les blessures ou effacer les larmes, mais elle fait de ceux qui la partagent des être ’autres’ qui savent ne pas avoir reçu une émotion destinée à eux seuls, dans leur ’singularité’ primitive et misérable, mais une émotion qui permet un vivre ensemble ou le mot fraternité retrouve son sens le plus universel...
Des ’autres’ textes de Mahmoud, ceux de poésie pure disant le vent, les senteurs et les lumières de son pays ravagé par les barbaries et par l’acier des brutes messianiques, je ne peux, moi, percevoir que la ’musique’ des mots sans ressentir la torsion dans les tripes que je devine seulement... Mais en l’écoutant moi je me sentais ’presque’ arabe aussi puisque ce privilège était devenu métaphore ; et pour cela voulais lui dire merci.
Jacques Richaud 15 août 2008