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Commentaire de J. GRAU

sur Le nouveau parti anticapitaliste (NPA)


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Jordi Grau J. GRAU 28 août 2008 14:31

A l’auteur de l’article

Je précise tout de suite que je ne suis membre d’aucun parti politique et que je ne cherche pas à défendre systématiquement le nouveau parti de Besancenot, que je connais trop mal. Simplement, je crois qu’on ne peut pas raconter n’importe quoi. Pour vous, être anticapitaliste signifie en toute logique être contre le capital, donc vouloir revenir à une société de chasseurs-cueilleurs, où l’on consomme immédiatement les ressources qu’on s’est procurées. On peut détester le marxisme, mais je ne pense pas avoir jamais lu une telle chose sous leur plume ou sous celle de Marx. En réalité, être anticapitaliste ne signifie pas être contre toute forme de capital, mais contre le capitalisme. Qu’est-ce à dire ?

J’ai regardé dans le Petit Robert, qui ne me semble pas être un ouvrage de propagande crypto-marxiste : le capitalisme est un "régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenus, n’appartiennent pas, en règle générale, à ceux qui les mettent en oeuvre par leur propre travail". Autrement dit, dans une société capitaliste, il y a les propriétaires des entreprises, ceux qui détiennent le capital financier et matériel, et il y a les salariés, ceux qui font fructifier le capital par leur travail sans en être propriétaires. Bien entendu, il peut y avoir un mélange des deux : le propriétaire d’une PME peut travailler autant, voire plus, que ses salariés ; inversement, quelques salariés privilégiés (managers, cadres sup) peuvent posséder une part importante du capital de l’entreprise. Dans les grandes lignes, toutefois, il y a bien une séparation des rôles entre capitalistes et travailleurs. Quand les anticapitalistes disent s’attaquer au capital, ils veulent dire par là le capital privé, ou plutôt la minorité de capitalistes qui détiennent la plus grosse partie des moyens de production. 

Ce que disent les anticapitalistes aux travailleurs, ce n’est donc pas : "retournons ensemble à la préhistoire", mais "cessez d’être soumis, appropriez-vous collectivement le capital que vous faites fructifier par votre travail". On peut trouver cela dangereux, irresponsable, impossible à réaliser, mais ce n’est pas du tout ce que vous dénoncez dans votre article.

J’ajouterai que vous avez parfaitement raison de dire que l’anticapitalisme n’est pas la même chose que le communisme soviétique. Mais, si j’ose dire, vous avez raison pour de mauvaises raisons. La société soviétique était capitaliste, non pas parce qu’elle faisait fructifier un capital, mais parce que les travailleurs n’avaient absolument pas le contrôle des moyens de production. Le Parti-Etat, dirigé par une Nomenklatura priviligiée, était aussi tyrannique dans ses exigences de productivité (bien que moins efficace, sans doute) que les actionnaires des multinationales. Il y a beaucoup de points communs entre le capitalisme occidental et le capitalisme d’Etat à la soviétique. L’employé du moins de Mac Donald est un peu à l’occident ce que le camarade Stakhanov fut à l’URSS.

Salutations libérales, cher camarade.

Jordi Grau


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