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Commentaire de Marc Bruxman

sur Le nouveau parti anticapitaliste (NPA)


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Marc Bruxman 28 août 2008 20:33

Très bon article qui remet les choses à leur place. 

Et vous faites également bien de faire remarquer que le NPA est très différent du communisme d’antan. Il est pire !

Et effectivement je pense que ce parti n’attire des gens que parce qu’ils ont perdu tout espoir d’amélioration :

  • Les conditions de vie des plus pauvres et de la classe moyenne s’améliorent moins vite qu’avant : Les gens pendant les 30 glorieuses étaient plus pauvres que maintenant et avaient des conditions de vie plus dures. Mais ils voyaient leurs conditions de vie s’améliorer ce qui était bon pour le moral. Et donc cela limitait les "envies" révolutionnaires. Ou tout au moins les cantonnait dans les franges les moins motivées de la société. 
  • L’espoir de passer du coté "patron" de la force était présent. Les immigrés portugais, italiens et autres étaient très pauvres quand ils sont arrivés en France. Mais ils avaient par exemple l’espoir de réussir en montant leur bizness. Beaucoup l’ont fait. Et ils font aujourd’hui partie des riches. Aujourd’hui on dit aux immigrés, "la société est pourrie n’essaie pas tu perds ton temps". Pourtant des jeunes issus de l’immigration qui ont bien réussi il y en a beaucoup. Vous avez déja entendu l’expression "beurgeoisie" ? Et bien habituez vous, parce que nombre de ces jeunes sont en train de tout déchirer. Malheureusement la télé ne montre que les échecs. Sur ce point la gauche a beaucoup contribué a sapper le moral de ses troupes certainement pour des raisons électoralistes. Il y a moultes moyens de changer de coté si l’on travaille. 
  • La pub et les médias présentent une vision distordue de la réalité. La encore, dans les séries télé, même la classe soit disant "moyenne" habite dans des appartements de riche, a des meubles de riches, porte des fringues de marque, va en voyage. Bref, le grand train de vie. Alors forcément, cela peut donner l’idée que tout le monde vit comme cela et rend la vie des plus pauvres encore plus insupportable. 
  • Les inégalités deviennent visibles. Par ailleurs avec la télé, la grande richesse devient visible, la ou elle était auparavant cachée. L’ouvrier qui habitait et bossait à Aubervilliers dans les années 50 voyait certainement très peu de riches à part son boss. Qui souvent restait discret pour éviter les enmerdes. Bref, les inégalités deviennent plus visibles. La mixité sociale voulue par le gouvernement français y contribue encore un peu plus. La encore il y a une différence entre se douter comment vit son patron et le voir à la télé. La encore, il vaut mieux se dire, j’ai pas de fric mais comme tout le monde autour de moi que se dire "je suis minable je peux même pas me payer X ou Y que tout le monde a a la TV". 
  • Le SMIC a un effet pervers sur l’évolution des salaires et donc l’espoir. Avec un SMIC plus bas, le salarié commence à X € et a l’espoir d’être augmenté durant sa carriére. Alors qu’avec un SMIC élevé souvent certaines catégories de salariés vont passer leur carriére entiére au SMIC car il n’est pas possible de les augmenter. Or l’augmentation est bonne pour le moral. Même si elle reste symbolique, se dire j’étais au SMIC je n’y suis plus ca fait une certaine satisfaction, l’impression d’avoir progressé. 
  • Il y aurait peut être un jour le "paradis". De même que l’opium du peuple disait que la vie de souffrance serait suivie du paradis, le communisme annoncait une "révolution" suivie d’un monde super bien. Que cette révolution n’ait pas plus de chance d’arriver que le paradis après la mort n’était pas très grave. Ca maintenait une raison de vivre. Une petite gréve de temps en temps histoire de redorer le moral des troupes, c’était bon pour le moral. Mais lorsque le mur de Berlin est tombé et que la vérité sur ce monde super bien est parue, les classes populaires ont compris qu’il n’y avait pas plus de révolution que de paradis. Elle se cherche alors un nouvel espoir à poursuivre qu’elle ne trouve pas. 
Pas étonnant dans ces conditions qu’un certain désespoir survienne et que cela insiste certains à porter leur foi en les chiméres de l’anticapitalisme et de la décroissance. Que la croyance ne tienne pas la route, ce n’est pas vraiment grave. Après tout, le fait que la sainte vierge a eu un enfant sans rapport sexuel a bien tenu 2000 ans ;) La croyance aide à vivre et les partis contestataires servent justement à ca. Dans le cas du PCF, le fait d’avoir une idéologie basée sur la valeur travail, d’être laic, pro-science rendait finalement bien service à la société. Ca fournissait un service psychologique gratos qui encadrait les gens à la maniére de l’église au moyen age. L’idéologie destructrice du NPA est beaucoup plus génante dans le sens ou elle tend à dévaloriser la valeur travail et la notion de progrés. Elle a donc une composante beaucoup plus antisociale que le communisme. 

Mais le problème pour Besancenot c’est que pour que les mouvements religieux de masses fonctionnent il faut donner un sens de l’utilité aux militants. Si ils ne parvient pas à rendre crédible la possibilité d’une révolution (ce qui sera très difficile), il ne pourra pas continuer à les dévaloriser en leur disant "le boulot que vous faites est sans valeur, il ne sert que les capitalistes". Car c’est cet amalgame entre le coté contestataire et la valorisation du travail des ouvriers qui a permis au communisme d’être une religion viable pendant 70 ans. 






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