Sous le couvert de "neutralité d’analyse" le message passé dans ce bouquin est complètement anti-nucléaire.
Tout d’abord le titre : la rappel à Tchernobyl qui a été un accident typique des bêtises de la Guerre Froide vue par les Soviets, on fait du pas cher dans la conception/construction, on produit un max de Pu militaire, et on triche pendant des essais de défense passive. L’accident de référence sur une centrale nucléaire PWR c’est tout de même Three Miles Island ; retombées sur la population : rien.
Mettre en exergue Tchernobyl pour les retombées et "nuages" c’est oublier volontairement les essais atmosphériques (100 fois Tchernobyl pour le nombre de becquerels relachés et 1000 fois en ce qui concerne l’iode 131...). Mais un "nuage" de Tchernobyl du point de vue de l’iode 131 c’est 36heures de la consommation des hôpitaux français.
Si l’auteur avait vraiment voulu s’intéresser aux dangers du nucléaire il aurait commencé à titrer sur : "Epinal, 22 morts, des milliers de blessés". Mais là on tombe sur la symbiose entre la Criirad et l’ASN. La Criirad (rendons lui ce mérite) est toujours en avance de communication et l’ASN ne fait que "suivre". Ils fonctionnent en tandem. Les anti-nucléaires ont réussi à détourner l’ASN de sa mission de protection de la population pour ne s’intéresser qu’à l’électro-nucléaire. Du coup des problèmes très graves dans le nucléaire médical. Les anti-nucléaires qui aiment bien manier l’ASN et qui y réussissent bien n’ont pas demandé la démission de la direction de l’ASN suite à Epinal... Alors que suite à "Carcasonne des têtes sont tombées immédiatement.
Maintenant l’ASN annonce qu’il y en a pour des années avant de redresser la situation dans le nucléaire médical, situation qu’ils ont laissé pourrir.
La parution du bouquin a bénéficié du foin médiatique autour de Tricastin en Juillet. Effectivement un accident gravissime, le rejet de 74 kg d’uranium qui sont arrivés dans le Rhône qui en promène naturellement 300 tonnes par an en provenance du gneiss des Alpes. Vraiment de quoi trembler de frousse. Des taux d’uranium allant jusqu’à 50µg/l dans les nappes phréatiques alors que l’OMS donne une valeur indicative max de 15µg/l et alors que des eaux minérales du Massif central ont été commercialisées pendant des dizaines d’années avec 80µg/l flirtant quelquefois avec les 100µg/l...
En Belgique l’accident de l’Institut des Radio-Eléments qui produit de l’iode 131 à but médical. Encore une fois c’est le médical quiest en cause. Mais autant charger le baudet de l’électro-nucléaire. là aussi les anti-nucs belges ont réussi à orienter les autorités de sûreté sur l’électronucléaire et lâcher la bride sur le cou du nucléaire médical.
Un nouveau Tchernobyl serait-il possible avec un RBMK ? Voilà une question qui aurait pu faire l’objet du livre. Mais il ne semble pas, car ce ne sont plus les mêmes.
- le taux d’enrichissement a été relevé dans les combustibles, les RBMK ne présentent plus la fameuse instabilité à basse puissance.
- lls ont maintenant un "coefficient de vide" négatif. (Si l’eau se tranforme en vapeur dans le réacteur la réaction s’arrête au lieu de diverger comme antérieurement).
- Les barres de contrôle ont été largement modifiées améliorées.
- Les sécurités ont été verrouillées.
Maintenant on aurait aimé que l’auteur nous explique les conditions dans lesquelles un PWR puisse exploser en rompant l’enceinte de confinement ? La chaîne de défaillance qui conduise à l’explosion comme à Tchernobyl pour justifier le tître.
La privatisation.. la sous-traitance sur les réacteurs.
Aux USA ils doivent avoir 108 réacteurs en fonctionnement et les "utilities" (sociétés exploitantes) n’ont jamais de lien capitalistique avec l’Etat US, et à priori la sûreté des réacteurs n’est pas si mauvaise que cela. lls ont certainement des incidents comme tout le monde, mais ils ne viennent pas jusqu’à nous..
Mais peut-être que le prochain bouquin de l’auteur s’intéressera au nucléaire médical, et là ce sera "défrisant" car il y a "matière".
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