• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de krolik

sur L'Europe a mal à son nucléaire


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

krolik krolik 9 septembre 2008 14:42

...suite.../...

Dans la pratique

Pour un rendement thermique correct de la machine thermique classique il faut obtenir de la vapeur surchauffée à une température de l’ordre de 500 degrés C
A cette température le plomb est en fusion, ce qui est avantageux car l’homogénéisation de la température, des réactions nucléaire apprécie les mouvements de convection.

C’est le plomb qui est choisi. C’est bien ; pas de réaction chimique avec l’eau. Le sodium transparent aux neutrons a été l’une des pierres d’achoppement qui a valu la mort de Super Phénix.
Discutant avec les gens du centre de recherche d’Obninsk à 180km au Sud de Moscou de ce point particulier des propriétés du plomb, il m’a été dit :

- Pour les réacteurs rapides nous avons tout essayé, le sodium, le plomb, le plomb-bismuth..etc.. Le plomb ne réagit pas chimiquement avec l’eau mais du fait de sa densité la quantité de chaleur qu’il emmagasine est telle que sa réaction thermique sur l’eau est au moins aussi désastreuse que la réaction sodium-eau. Finalement nous préférons utiliser le sodium
Il faut se rendre compte tout de même que l’on va créer d’énormes quantités de tritium.
Le tritium est une « petite vacherie » qui émet des rayons bêta avec une durée de vie de 12 ans.
Comme l’hydrogène on ne peut contenir de façon étanche le tritium qui fuira quelque soit la qualité de l’enveloppe dans laquelle il est confiné. Il se glisse dans les mailles cristallines.
Un des grands aspects de la radioprotection contre le tritium est tout de même d’organiser des fuites entre deux parois et entre ces deux parois organiser un flux d’air qui va emmener le tritium fuyard dans la cheminée d’évacuation de la ventilation..
J’ai participé à une époque (1986) aux discussions entre l’Union Européenne (Centre commun de recherches d’Ispra en Italie) et la Direction des Applications Militaires du CEA qui est un organisme qui maîtrise le mieux la « technologie tritium ».
Le CEA-DAM était pour le moins reluctant à céder cette technologie qui est pour le moins proliférante…
A priori ce n’est pas avec la fusion des Tokamaks que l’on va calmer les écolos / pacifistes qui crient à la prolifération militaire de l’industrie nucléaire !!
Ce n’est pas non plus avec cette technologie que l’on va arrêter les écolos qui crient déjà contre les rejets gazeux de la cheminée de ventilation à « La Hague » (et il est rejeté du tritium par cette cheminée).
Pour l’instant les écolos ne se sont pas trop manifestés « contre » le projet ITER, parce qu’ils n’ont pas compris de quoi il s’agissait pour la plus grande partie d’entre eux.
Mais les écolos ont tout le temps pour eux, il pourront faire fermer le pilote expérimental dans une cinquantaine d’année comme cela a été fait pour Super Phénix (Oh Eternelle Infamie !)

Dans l’usine secrète de Tomsk-7 qui fabrique des bombes H, il y a une vingtaine d’années. Un ouvrier se met à perdre ses cheveux. Il est contrôlé, il est devenu « émetteur béta » car il a du respirer une bonne bouffée de tritium, gaz incolore et inodore. Le gars va mourir, mais que faire ? Du tritium s’est échangé avec les ions hydrogène de l’eau constitutive de son corps.
Alors essayer de faire un nouvel échange, remplacer le tritium par de l’hydrogène..
Et le gars allongé pendant trois semaines a eu droit à une alimentation d’eau externe directement dans le péritoine (surface d’échange maximale) en circuit ouvert. Le comble c’est que le gars s’en est sorti ! Je dois avoir la photo du gars en traitement. Pour faire une publicité du tritium à l’attention des populations, rien de tel en la publiant sur internet.
Mais il y a d’autres problèmes techniques :

- A-t-on seulement atteint avec le JET le « Break-Even » c’est-à-dire plus d’énergie produite que d’énergie consommée pour le chauffage et le confinement ? Ce n’est pas clair du tout.. ça dépend un peu de la méthode de calcul…

- La stabilité du plasma est un gros problème, mais les expérimentateurs s’engagent à solutionner ce problème. De fait il apparaît curieusement qu’il va falloir regarder de près l’action des électrons, complètement ignorés jusqu’à présent. Les tenants de la « Fusion chaude » devraient-ils s’intéresser aux propriétés des clusters d’électrons comme le font les tenants de la « Fusion par mise en condition froide ».

- A-t-on une idée de la façon de retraiter les « blankets » qui vont contenir le tritium.. Comment manipuler de grandes masses de plomb allant de quelques centaines au millier de tonnes confites de tritium… Il semble d’ailleurs que ce point commence à effrayer les concepteurs qui visent à des tores de dimensions plus petites, d’où la réduction de la dimension des « blankets ».

- Quel exploitant pourra admettre d’avoir une telle machine qui a l’arrêt devra conserver quelques milliers de tonnes de plomb à l’état de fusion sans pouvoir laisser refroidir l’ensemble ?

- Un Prix Nobel Japonais a attiré l’attention sur le fait que la réaction de fusion produisait des neutrons à une énergie de 14MeV et que l’on ne savait rien quant à la tenue des métaux de l’enceinte sous un tel rayonnement.. et difficile de faire des essais de vieillissement sans avoir la source de neutrons aisée avec cette énergie. J’avais suivi les développements de la mise au point de l’acier SPX, c’est-à-dire de l’acier spécial pour la cuve du réacteur de Super Phénix. Cela n’a pas été une sinécure. Mais il faut reconnaître qu’une rupture du tore n’aurait pas les mêmes conséquences humaines qu’une rupture de cuve de Super Phénix. Maintenant le prix d’une rupture ou seulement fissure du tore serait astronomique..

Ce que je pense : et cela n’engage que moi.
Une belle arnaque est une arnaque à laquelle l’arnaqueur se prend lui-même au jeu, ce qui est pratiquement le cas maintenant avec la Russie. Mais ils s’engagent très très mollement.
La Fusion des Tokamaks est sans issue à un coût raisonnable. On atteint le déraisonnable dès aujourd’hui sans avoir abordé sérieusement différents points évoqués précédemment. Alors à quel prix ? Alors avec quels engagement favorables des écolos ?
Il y a bien d’autres recherches plus potentiellement productive d’énergie efficiente et à des prix quantifiables avec une approximation correcte.. Le développement des réacteurs HTR avec des combustibles non disséminables sous explosion, dans des boulets de céramique tenant à très haute température avec une résistance mécanique au choc, ce dont est partisan mon ami le Pr Pellerin.
Les réacteurs au thorium.
Et il faudra bien retourner un jour sur les réacteurs rapides.
Comment dire à des scientifiques qui ont commencé dans le job des Tokamaks à l’âge de 25 ans et maintenant passent à la retraite qu’ils ont travaillé toute leur vie pour rien. Certains sont devenus membres de l’Académie des Sciences, avec tous les honneurs afférents. Ils ont formé des jeunes scientifiques.
Comment dire aux contribuables qu’ils ont payé tout cela pour rien.. ou presque ?

Alors on ne peut que continuer. Et il faut continuer sinon ce sera une plus grande déprime de la recherche scientifique non seulement en France mais un peu partout dans le monde.
Nous aurions du laisser ce petit plaisir ce petit plaisir aux Japonais, les autorités de sûreté Japonaises, les écolos japonais. On aurait eu des miettes contrôlables.
Mais il est impératif que ITER soit réalisé, sinon il y aura toujours un regret de ne pas l’avoir tenté...
Imaginez que le Général Patton en 1945 ait emporté la décision d’envahir l’URSS.. il y aurait toujours un regret dans le monde de ne pas avoir laissé l’expérience communiste aller jusqu’au bout.. Et même étant allée jusqu’au bout de l’expérience il y a encore au moins 10% des électeurs qui votent extrême-gauche dans des variantes.. mais même système tout de même.
Rassembler quelques milliers de scientifiques sur un gros projet en leur donnant des moyens, de toutes les façons, au passage ils vont bien trouver des trucs intéressants. par exemple au CERN, recher’che fondamentale, pour gérér les documents ils ont mis au point RENATER qui est l’ancêtre du Web, rien que cette découverte justifie le CERN alors que ce n’était pas du tout le but.
 
Je crois que la Ministre Mme Haigneré était bien motivée, elle avait été enseignée à rêver de la Science avec les Russes en étant allée dans l’espace avec eux.
Le Ministre suivant de la Recherche a rédigé il me semble des rapports parlementaires sur les escroqueries en tous genres ou activités maffieuses. Je crains qu’il n’ait pas vu cette arnaque venir..

En janvier 2008 le papier précédent a été repris ét traduit par une revue américaine et a fait l’éditorial.
En Février 2008 le DoE (Ministère de l’énergie américain) s’est livré à un petit calcul simple :

- Supposant tous les problèmes scientifiques résolus par ITER, stabilité du plasma, injection de neutres, etc...

- On a donc une idée de la dimension de ce que sera le réacteur DEMO suivant. On connait le prix au kilo des céramiques supraconductrices, le prix de l’enveloppe qui sera de la high-tech peut être assimilé au prix au kilo de matériaux pour l’espace.. et comme cela "à la louche" ils sont arrivés à un prix.
Ce prix montre que même pour des DEMO fabriqués en série, le prix de revient du kWh sera de l’ordre de trois fois le prix du kWh nucléaire classique.
Cette année le DoE n’a pas encore versé le montant de sa participation à ITER... Ils promettent de le verser...prochainement..
Peut-être bien que le DoE va arriver à conclure à une arnaque...

@+


 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès