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Commentaire de Paul Villach

sur Lourdes et Fatima, deux lieux de spectacle très prisés de la papauté


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Paul Villach Paul Villach 12 septembre 2008 15:31

Cher Florentin,
Pourquoi m’ouvrez-vous un pareil boulevard ? Par charité, je suppose !
Je reprends dans l’ordre votre réponse :
1- La stimulation du reflexe d’identification à la star, grand classique des stratégies d’information aujourd’hui.
En ce qui concerne l’Église, la star est en effet le (la) saint(e). Vous l’assimilez peut-être un peut rapidement à un "modèle positif". Positif pour qui ? Pour la stratégie ecclésiastique ! Paut-il passer en revue tous ces drôles de saints qui ne sont franchement pas des modèles  : les Thérèse de Lisieux, les Escriva de Balaguer de l’Opus Dei ! Les canons de la canonisation ont tiré à leur sujet plus vite que leur ombre. Ils doivent être les record(wo)men de vitesse dans le genre. Les Pie IX, les Pie X, les Mère Théresa, sont-ce davantage des modèles ? Et Saint Louis, donc ? Je ne vais pas vous énumérer le martyrologe. Mais convenez qu’est déclaré saint, une figure qui répond aux intérêts stratégiques du moment de l’entreprise ecclésiastique, de la même façon que l’assureur Generali d’en va chercher Zidane pour promouvoir ses intérêts auprès des "ballots", je veux dire, les fans du ballon rond !
Et puis, si l’identification est un processus psychologique de formation de l’enfant, ça devient problématique quand l’adulte en est encore dépendant.

2- La stimulation du réflexe de la peur. Qu’est-ce donc que ce mobilier d’église où l’on voit des cadavres partout, des têtes de mort, avec ou sans tibias, des Saint Sébastien transpercés, des Saint-Roch avec bubons sur cuisse, des Sainte Agathe martyrisées ? J’arrête la litanie : il suffit de se promener comme je le fais dans les églises, ces témoins magnifiques de notre architecture, pour que le coeur se soulève à voir cet entêtement à rappeler au fidèle ce qui l’attend. De grâce, cela viendra bien asssez tôt pour que l’on peuple son univers de toutes ces obscénités obsessionnelles.
"La peur est le grand moteur des actions humaines",disait Clémenceau. Je le soupçonne, lui le vendéen, de l’avoir appris quand il était gosse dans les églises.

3- Le leurre d’appel humanitaire. L’Église le nomme "la charité". L’appel incessant à la charité, au don pour venir au secours des "pauvres" est une des règles structurelles de cette institution. Seulement, je préfère Chamfort : "Il faut être juste avant que d’être généreux, comme on met des chemises avant de mettre des dentelles".

4- Enfin le leurre d’appel autoritarien, appellation que je préfère à argument d’autorité, car elle exprime clairement le procédé : c’est un appel à se soumettre aveuglément à l’autorité. J’emprunte le mot "autoritarien" à Stanley Milgram ("Soumission à l’autorité) : il désigne l’individu qui ne trouve son équilibre prsychologique que dans une adhésion aveugle à l’autorité
Toute l’histoire ecclésiastique est fondée sur le leurre d’appel autoritarien. Le texte sacré ne se discute pas : tout au plus, on en fait l’exégèse et la glose. Mais la parole révélée impose la prosternation. Et avec elle son interprétation du moment par les "grands prêtres" bien en cours.
Que cette institution se soit trompée à peu près sur tout, ne la dispense pas de revendiquer un magistère ! Quel culot !
Faut-il, sans remonter plus haut, vous rappeler l’épreuve douloureuse qu’a représenté pour nombre de libéraux le fameux "Syllabus" au 19ème siècle ? Ou plus près de nous celle des "prêtres ouvriers" ?
Je ne peux évidemment évoquer la question sans saluer la mémoire de Giordano Bruno et de Galilée, exemples emblématiques de ces victimes de la Très sainte Inquisition catholique, apostoplique et romaine qui ruina définitivement le crédit ecclésiastique. Je ne manque pas de me rendre sur le Campo des Fiori quand je suis à Rome pour y "faire une prière" au pied de la statue de Giordano. Je ne rate pas non plus Santa Maria Sopra Minerva, le couvent près du Panthéon où fût humilié Galilée. Sur la place, un éléphanteau du Bernin se marre avec sur le dos un obélisque. 
La question que je me pose chaque fois, est-celle-ci : se marre-t-il de l’exploit qu’il réalise avec ce qu’il porte sur le dos ou d’avoir mesuré la folie humaine qui a fait rage dans ce couvent sous l’empire du leurre d’appel autoritarien ?
Paul Villach


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