Pour info, j’ai commencé à écrire avant de lire la réaction de Jean, que j’ai trouvée pertinente.
On n’accuse pas sans preuve, certes, et Poutine n’est peut-être pas directement commanditaire de ce meurtre en particulier. L’accuser catégoriquement sans preuve est contre-productif, et fait du tord à l’article, car bien entendu n’importe qui peut accuser n’importe qui. Il n’y a qu’à regarder le titre de l’article. S’il y a des faisceaux de présomption, pourquoi donc ne pas en parler comme tels, en citant des sources ?
Cependant, le régime de Poutine et sa politique ne vont pas dans le sens d’une amélioration de la liberté de la presse, la démocratie, etc. L’article ne ment pas à ce sujet, même si on aurait aimé plus de sources. Effectivement, l’enquête est orchestrée par l’un des suspects, et c’est fort gênant. Là encore l’article ne ment pas.
L’article est juste également quand il parle des USA car même dans les dites démocraties, il y a des manupulations de l’information, et il ne vaut mieux pas boire ce que diffusent les médias comme s’il s’agissait de La Vérité. L’exemple du 11 septembre est bon, car la manipulation des opinions qui en a résulté avec la définition une fois pour toute des bons et des mauvais est absurde. Pendant que le monde regarde les USA, la même logique est reprise par le régime Poutine vis à vis des Tchetchènes, l’article est encore juste. Tâchons donc de ne pas faire pareil, dans un sens comme dans l’autre, et de ne pas juger les gens pour le fait d’appartenir à une catégorie dans laquelle NOUS les avons placé. Jugeons donc les faits.
Pour y arriver, il nous faut nous remettre en cause, car contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de “monde libre”. Rions donc, quand on lit le sous-titre de l’article “Un autre petit frère dépeuple la démocratie”. C’est d’abord chez nous que nous devons défendre cette liberté de presse, d’opinion, ..., qui nous est si chère. Donc, par rapport à certaines réactions, arrêtons de dire “chez nous il n’y a pas ça”, et chez nous c’est “la paix et la liberté” ou la “democratie”. Arrêtons de vouer une confiance aveugle à l’information qu’on nous sert. Essayons de sortir des discours officiels et nous verrons ce qu’on peut réellement dire en France. Des manifestants pacifiques, qui se font tabasser par les forces de l’ordre, en France (à Grenoble par exemple), nous ont rappelé que chez nous, on est automatiquement libre si on pense comme le gouvernement, mais que sinon, ça n’est plus du tout automatique.
Pour en revenir à l’article, il y a un parti pris évident, qu’on doit refuser dans nos journaux (même si on partage les mêmes idées d’ailleurs), justement puisqu’il s’agit de journalisme. Oublions un temps Staline et le KGB et le méchant russe Poutine contre les gentils Tchetchènes, car même involontairement et avec les meilleures intentions, c’est de la propagande. Les massacres resteront toujours inacceptables, qu’on fasse ou pas la comparaison avec Staline. A aucun moment, le fait qu’un protagaoniste est supposé “bon” ou “mauvais” ne doit servir d’argument ou d’explication à une théorie (la plupart du temps cherchant à prouver que l’hypothèse de départ est vraie). Cela ne devrait apparaître qu’au stade de la conclusion (lorsqu’il y a réelle démonstration). En reproche à l’article, c’est donc surtout le fait que la culpabilité de Poutine est avérée avant de citer les faits qui est criticable.
Je ne pense pas que le régime Poutine soit défendable, du point de vue des libertés fondamentales (comme beaucoup d’autres). De plus, il a du sang sur les mains (comme beaucoup d’autres) avec la guerre de Tchétchénie qui a, comme toutes les guerres, son cortège d’atrocités. Et il y a bien un effort considérable de Moscou pour qu’on n’en parle pas ou pour qu’on ne puisse pas en parler de manière objective. Or, les hommes qui se font massacrer sont des hommes, quels qu’ils soient. Pour les défendre, nous devons être fermes avec leurs bourreaux, mais en les considérant toujours comme des hommes, quels qu’ils soient. Ne tombons pas dans le panneau de vouloir définir un autre axe du mal.
