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Commentaire de olivier cabanel

sur Tricastin : vers une évacuation des populations ?


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olivier cabanel olivier cabanel 23 septembre 2008 14:47

Krolik,

votre paragraphe sur hiroshima est tout proprement scandaleux.

vous devriez consulter.

voila quelques éléments sur tchernobyl que vous semblez ignorer :

Extraits du livre de Wladimir Tchertkoff -
Le crime de Tchernobyl
Le Goulag Nucléaire -
Actes Sud
=================
1er Extrait - Les liquidateurs sacrifiés -
===================
Les liquidateurs ont été sacrifiés et trahis au moins quatre fois par ceux qu’ils ont sauvés :
1. Ils n’ont pas été suffisamment informés ni protégés. 2. Le prix qu’ils ont payé en vies et en santé, et qu’ils
continuent de payer, n’est pas reconnu. 3. Ils ne sont pas soignés. 4. Ils sont oubliés par l’opinion, tels des rebuts
de l’Histoire. Le graphite et l’uranium répandus sur le toit de la centrale de Tchernobyl après l’accident irradiaient
jusqu’à 20 000 röntgens par heure. Un morceau de graphite tenu dans les mains transmettait en une seconde et demie la
dose accumulée pendant une vie entière dans les conditions de radioactivité naturelle. Selon les estimations les plus
récentes, 800 000 à 1 million d’hommes jeunes, appelés " liquidateurs", en provenance de toute l’URSS ont été jetés
contre le réacteur explosé pour éteindre l’incendie qui a duré dix jours, pour enfermer dans un " sarcophage " ,
improvisé dans des conditions de radioactivité terrifiantes, un reste d’environ 200 t de combustible nucléaire fondu,
figé comme une lave et éparpillé dans un labyrinthe surréel de ruines de béton et d’acier tordu et " nettoyer " les
territoires pollués, c’est-à-dire les champs, les routes, les maisons des villages, les espaces arrosés par les pluies
radioactives. Ils ont combattu les radionucléides à mains nues, avec des pelles et des lances à eau . Le tonneau des
Danaïdes, l’absurde, le temps saturnien de la mythologie antique...Ces suppliciés exposés à des niveaux de radioactivité
énormes, officiellement non reconnus, sont malades. Des dizaines de milliers sont morts et d’autres continuent à mourir.

On se demande souvent pourquoi un nombre aussi énormes d’hommes, une véritable armée, a été employée pour intervenir
lors d’un accident dans une centrale nucléaire. Les accidents statistiquement prévisibles ne constituent-ils pas un
risque inhérent à l’activité industrielle  ? L’absence de moyens de protection à la mesure de la dimension et de la
durée prolongée de l’évènement radiologique a déterminé à Tchernobyl un choix de logique de guerre : ne pouvant assurer
une protection efficace contre un tel niveau de radioactivité, les autorités soviétiques ont choisi de répartir
l’exposition en un nombre le plus large possible d’intervenants, dans un temps qui se comptait, selon les risques en
minutes, parfois même en secondes.

Beaucoup ont reçu des doses d’irradiation dépassant les limites des compteurs censés les mesurer . Ce calcul est une vue
abstraite de l’esprit, sans aucune prévision ni préparation, à laquelle il faut ajouter l’improvisation des autorités
paniquées, plus leur mépris de la personne humaine et la liberté pratiquement illimitée du pouvoir totalitaire de
mobiliser les masses au service de la cause. Une série de circonstances propices pour les détenteurs du pouvoir. Les "
appelés ", privés de protections et d’informations, ont été utilisés pour colmater avec leur corps cette brèche ouverte
dans la présomption technologique moderne. C’est le dernier luxe historique qu’a pu payer - et nous payer pour notre
protection- le système soviétique. On peut se demander comment se débrouillera le " monde libre " lors d’un prochain
accident majeur en Occident estimé probable ( statistiquement ) par l’AIEA elle-même [4].

Vingt ans se sont écoulés. L’AIEA, l’UNSCEAR et l’OMS ont, de façon incompréhensible, exclu les liquidateurs de leurs
statistiques, toujours limités à 32 morts, voire 40, après l’accident de Tchernobyl. Aucun suivi, aucune recherche
épidémiologique dans cette cohorte de 800 000 hommes exposés à des doses
énormes de radioactivité. Couverts par le silence de la science officielle, la " communauté internationale" regardent
ailleurs et attendent simplement que les liquidateurs disparaissent sans faire de vagues. On ne peut pas dire qu’on les
a " oubliés " car oublier quelqu’un, c’est reconnaître qu’il a un jour existé. Non, dispersés anonymes sur les onze
fuseaux horaires de l’ex-Union soviétique, ils sont exclus de la communauté humaine. Ils n’existent pas, eux qui nous
ont sauvés et qui demandaient " simplement un traitement humain ".

Note -

4 - La conférence de l’AIEA intitulée " Une décennie après Tchernobyl" qui s’est tenue du 8 au 12 avril 1996 à Vienne, a
abordé entre autres arguments, " les
mesures à prendre lors du prochain accident, inéluctable, dans le but clairement formulé d’en réduire le coût pour
l’industrie responsable". Michel Fernex, présent à la conférence signale ce fait dans " La catastrophe de Tchernobyl et
la santé", http://tchernobyl.verites.free.fr. "Mechanisms of Accidents" étaient les quatre thèmes au programme de la
conférence " Biological Effects of Radiation Injury" organisée en 1996 à Minsk sous l’égide de la Commission européenne
et du Département de Énergie des États-Unis.


=
2eme extrait -

Les circonstances et leurs propres choix ont fait de l’anatomopathologiste Y. Bandajevsky, de la pédiatre et cardiologue
G. Bandajevskaya et du physicien V. Nesterendo trois insoumis dans un monde dominé par la violence et l’argent. Ils
défendent l’honneur de la science devant l’infamie des mensonges et des silences de la communauté scientifique
internationale et des États. Tous les trois ont risqué leur vie et continuent de la risquer dans cet affrontement qui
est loin d’être fini. La conférence de Kiev a débattu longuement des leçons de Tchernobyl. En guise de conclusion, je
citerai celle qu’en tire le Dr Michel Fernex, dans un essai à la fois bref et dense, qui m’a guidé au cours des six
dernières années.

Face au nucléaire, partout dans le monde, il est temps que la médecine puisse à nouveau exercer sa vocation de
prévention, de soins et de recherche. Il faut pour cela rendre son indépendance à l’OMS afin qu’elle puisse à nouveau
agir en accord avec sa très belle Constitution dans ce domaine sensible. Les études épidémiologiques doivent devenir à
nouveau réalisables, sans ruptures artificielles et destructrices. Qui suivra les altérations génétiques qui vont
s’exprimer chez les enfants à naître au cours des cinq prochaines générations dans les pays touchés par les retombées
radioactives ? Qui se préoccupera de la réhabilitation des victimes et de leur traitement, ainsi que d’une meilleure
protection des enfants et des femmes enceintes ? Les pays riches, disposant de centrales atomiques, doivent venir en
aide aux populations victimes de Tchernobyl, en Biélorussie bien sûr, mais également dans toutes les régions sinistrées.
Il faut retire à l’AIEA, son mandat actuel de promotion de l’atome commercial. Des tâches autrement importantes
attendant cette agence de l’ONU : le contrôle du plutonium et de l’uranium, de l’ensemble du matériel fissile provenant
du démantèlement des ogives nucléaires et des installations atomiques militaires et commerciales, l’AIEA qui aurait dû
prévenir la prolifération des armes atomiques dans un nombre croissant de pays, ce qui n’a pas fonctionné. Elle devrait
à l’avenir surveiller la gestion des déchets radioactifs que l’humanité a réussi à accumuler en l’espace de deux
générations, depuis l’avènement du nucléaire. Ce contrôle devra s’exercer pendant des siècles.

Le livre s’interrompt ici sur des points de suspension. Il continue comme il a commencé, dans la réalité du monde ....

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Extraits du livre de Wladimir Tchertkoff : le Crime de
Tchernobyl - le Goulag nucléaire


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