D’abord, il faut souligner que seul bac+3 suffit pour enseigner. Un professeur, titulaire d’une licence n’a donc pas bac+5, même sorti de l’IUFM. C’est un abus de langage.
Ensuite, les profs des écoles ne changent pas les couches, ce sont les ADSEM qui s’occupent de cette tâche.
Les élèves (non les enfants) de maternelle ont des évaluations basées sur un programme. Ainsi reçoivent-ils un enseignement.
Pour comprendre le rôle de l’école maternelle, il faut porter la réflexion sur le plan général, envisager des cas que l’on ne vit pas soi-même, se mettre à la place de l’autre, retourner dans son propre passé.
De nombreux parents ne s’occupent plus de l’éducation de leurs enfants, soit parce qu’ils ont démissionné, soit parce que cela leur est matériellement (temps, argent) impossible. L’école maternelle remplit donc ce rôle. De nombreux enfants y trouvent ce qui leur fait défaut à la maison ; un espace de sociabilité et d’éducation. On pourrait très bien ignorer ces enfants, mais alors la société s’en porterait beaucoup plus mal, et cela coûterait beaucoup plus cher à nous tous. Victor Hugo a appelé à ouvrir des écoles pour fermer les prisons !
L’école maternelle est aussi un lieu où l’on peut détecter les enfants maltraités, ceux qui ont des problèmes d’ordre comportemental, etc.
Si la plupart des personnes, y compris de nombreux enseignants, ne connaissent rien – ou très peu – à la pédagogie, il ne devrait pas en être ainsi de Darcos-qui-ne-sait-pas-faire-une-règle-de-trois.
Tous les enseignants et formateurs, pour faire passer leur message (le contenu enseigné) doivent d’abord vaincre les conceptions. Comprenez la métaphore suivante : il est logique de penser d’abord que la Terre est plate – puisque c’est l’expérience la plus immédiate que l’on se fait de la Terre-, et il appartient à l’enseignant de combattre cette conception. Il faut donc se dire que pour chaque chose qu’apprend un apprenant, il croit que la Terre est plate.
Ainsi la plupart des gens croient qu’il suffit de dire ou de montrer pour que de l’autre côté, on ait entendu, vu, lu et compris. Que nenni, le savoir ne se transmet pas par patch. C’est un peu plus compliqué que cela.
Même s’il est possible de découvrir intuitivement ou empiriquement les bonnes pratiques pédagogiques, une formation adéquate doublée d’une certaine expérience, renforcent la maîtrise de cet art (et non science !).
Mais si la plupart des parents montrent à leur enfant de 3 ans comment on enfile un manteau, je suis certain que l’immense majorité des enfants ne saura pas l’enfiler. Parce qu’il ne suffit pas de montrer ; encore faut-il connaître la façon dont les enfants apprennent, les gestes qu’ils sont capables de conceptualiser. Pourtant, enfiler un manteau, c’est simple non ? Ben oui, puisque vous savez tous le faire ! Alors à l’école maternelle, on dit aux enfants de poser le manteau au sol, de mettre les bras dans les manches pour enfin passer le manteau par-dessus soit. Ils n’enfilent donc pas le manteau en passant un bras dans une manche, puis l’autre. Ca, c’est bien pour les parents ! Et l’enseignant de maternelle sait bien cela ! Et qu’on ne me dise pas qu’enfiler un manteau est une tâche triviale. C’est ô combien important en plein hiver.
J’espère qu’à ce stade, la conception qui emporte l’idée qu’il suffit de savoir faire pour montrer est balayée, comme est balayée celle qu’une information, un savoir ou un savoir-faire de base est simple.
Allons donc plus loin. Plus le public est jeune, plus il est difficile d’enseigner. Parce que dans le cerveau, tout est jeune et pas encore bien connecté : axone, dendrites, synapses. Sans parler de la myéline qui couvre l’axone. Il faut donc répéter et encore répéter l’information pour que ça rentre, là où vous, adulte, vous allez comprendre de suite (grâce à la myéline entre autres) ! Sauf si je vous parle de la phénoménologie de ce brave Husserl bien sûr ! Là, il faut demander à Dugué !
Pour transmettre le savoir (formation initiale, continue, professionnelle…), il faut prendre en considération le triptyque : enseigner, former, apprendre. Il faut adapter son langage au public concerné, être à l’écoute de celui que l’on souhaite élever (l’élève) au-dessus de soi.
Chacun – qu’on ne me dise pas le contraire - a fait maintes fois l’expérience de l’impossibilité de comprendre certaines situations, certaines données, et en a conclu qu’il n’était pas fait pour ceci, pas doué pour cela, pas assez intelligent… quand le problème est ailleurs ; qu’il réside dans l’emploi d’une mauvaise méthode pour comprendre et réfléchir, parce que les bons gestes n’ont pas été effectués.
Si vous montrez un objet à un enfant qui apprend le langage, et que vous le nommez ensuite ; certains pourront reconnaître l’objet en son absence et le nommer également. D’autres non. On dira alors que ces derniers sont sots. Mais, si on sait comment fonctionne le cerveau, comment on apprend, on aura le réflexe de nommer l’objet avant de le montrer ! Et ça marchera. Il sert à ça, l’enseignant : à vous permettre de vous dépasser ; à permettre à vos enfants de devenir meilleurs.
Einstein n’a parlé qu’à 4 ans, et ses parents craignaient même qu’il ne soit attardé. La parole acquise, ils l’ont d’abord envoyé dans un établissement où il s’est trouvé en échec scolaire (parce qu’on transmettait le savoir surtout oralement) puis dans un autre où il a pu briller, parce qu’il correspondait à sa façon d’évoquer : par des images ! Avez-vous des images ou des mots pour penser ?
Qui ne connaît rien à la pédagogie se focalise uniquement sur le contenu à enseigner et juge de son niveau (à la maternelle, le programme est facile jugent-ils), en oubliant totalement de prendre en compte les moyens d’y parvenir, la nécessité de briser les conceptions, la capacité d’apprentissage des enfants, à chaque stade de leur vie.
Que chaque lecteur se pose les questions suivantes : comment je réfléchis ? Comment je comprends ? Comment je parviens à être attentif ? Comment j’emploie mon imagination créatrice ? Comment je mémorise ? J’applique ou j’explique ? Je compose ou je m’oppose ? Je suis dépendant du champ ou indépendant du champ ? Quel est mon MBTI ? Etc (énumération trop longue)
On peut malgré tout regretter que les IUFM ne soient davantage des lieux où l’on enseigne aux futurs enseignants la pédagogie. Les profs français sont d’excellents techniciens (ils maîtrisent parfaitement leur discipline comparativement aux profs dans bien d’autres pays), mais de piètres pédagogues. Ce n’est pourtant pas de leur faute : ils appliquent ce qu’on leur demande.
Pour terminer, dans les pays où n’existe pas l’école maternelle, les parents conscients de l’importance de l’enseignement à tout âge font appel à des précepteurs. Et ces enfants ont ensuite de l’avance sur les autres, avec les conséquences que l’on devine.
En espérant avoir balayé quelques conceptions, je souhaite une bonne nuit à tous.
02/10 08:39 - brunof
Je reprends ce commentaire trouvé à cette adresse : http://www.lire-ecrire.org/actualites/detail-de
29/09 15:10 - pigripi
JAK2PAD, copier-coller de mon opinion sur les problèmes que vous soulevez et qui ont déjà (...)
29/09 13:19 - jak2pad
chère auteure, je me permets moi aussi de vous rappeler en toute humilité que les petits qui (...)
28/09 19:13 - Dolores
Les enfants doivent être obligatoirement "propres" pour être admis en maternelle. (...)
28/09 17:23 - pigripi
Monseigneur jack2pad, Je vous remercie pour votre commentaire éclairé ... à la lueur de ceux (...)
28/09 12:01 - jak2pad
ayant lu avec retard cet article particulièrement stupide et exalté, je prévoyais le pire : (...)
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