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Commentaire de J. GRAU

sur La culture occidentale est-elle moralement supérieure aux autres ?


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Jordi Grau J. GRAU 25 septembre 2008 14:52

Suite de mes réponses


A Bob :


- Vous écrivez : "Lorsque vous dites que les relativistes veulent apporter aux hommes du monde entier la democratie et les droits de l’homme, vous vous contredisez". En réalité, je n’ai jamais dit une telle chose : ceux qui veulent apporter au monde la démocratie et les droits de l’homme sont les universalistes, ceux que j’ai appelés les "droits-de-l’hommistes".


- Je n’ai jamais dit qu’il fallait privilégier les non-blancs ! J’ai simplement fait remarquer qu’il y avait une contradiction à affirmer que "TOUS les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit" tout en faisant une exception pour les esclaves. Même si ceux-ci ne représentaient qu’un pourcent de la population de l’époque (chiffre à vérifier), c’était une exception qui invalidait totalement l’universalité des droits de l’homme. D’ailleurs, une partie des révolutionnaires français était farouchement opposée à l’esclavage - lequel fut d’ailleurs aboli, au moins dans les textes, en 1794, avant d’être rétabli sous Napoléon.


- Lorsque je parle du capitalisme, je parle du capitalisme réellement existant, un système qui a toujours favorisé les GRANDS propriétaires au détriment des salariés, mais aussi des petits propriétaires. Mais ceci est un débat sans fin...

A Christophe :

Je ne peux pas répondre à toutes vos remarques et critiques. Voici cependant deux ou trois réponses :


- La citation d’Habermas est belle et proche de mon point de vue (ou, plus modestement, c’est mon point de vue qui se rapproche du sien) : effectivement, la véritable universalité n’est pas dès le départ donnée dans l’esprit supérieur d’un des interlocteurs. C’est quelque chose qui émerge au cours de discussions.


- Cette idée contredit d’ailleurs la vôtre, à savoir que le relativisme véritable considère que chaque culture est incomparable aux autres. Je pense qu’il y a une autre manière d’être relativiste, qui est précisément de dialoguer avec des gens d’autres cultures, en essayant de se débarrasser de ses propres préjugés. Cela ne signifie d’ailleurs pas mettre toutes les cultures sur un pied d’égalité (je n’ai pas écrit cela). Sur certains points précis, une culture peut être supérieure à une autre (sur le plan militaire, par exemple, ou dans l’art de régler des conflits internes, dans l’usage de certaines techniques médicales, etc.). Cf. à ce sujet ce que dit un relativiste subtil : Claude Lévi-Strauss (dans Race et histoire, notamment).


- Sur Hegel et sa dialectique du maître et de l’esclave, il y aurait beaucoup à dire. Il est certain que le maître dépend de son esclave autant que l’inverse. De manière générale, les dominants ont toujours besoin des gens qu’ils dominent. Mais ce que dit Hegel ne me paraît pas suffisant : pour que l’esclave se libère de sa servitude, pour qu’il prenne conscience de sa valeur et soit reconnu comme un égal par son maître, il ne suffit pas qu’il travaille. Le travail est peut-être indispensable, mais en aucun cas suffisant : la preuve, c’est que l’esclavage a duré pendant des siècles, alors que les esclaves accomplissaient de nombreux travaux remarquables (y compris intellectuels : les "pédagogues", dans l’Antiquité, étaient généralement des esclaves précepteurs). En fait, c’est avec la montée de la puissance de la bourgeoisie, de la Renaissance jusqu’à nos jours, que le travail a progressivement été valorisé (au détriment de l’oisiveté, qui était une valeur aristocratique). Encore faut-il nuancer : ce qui a été valorisé, c’est certains types de travaux (plutôt intellectuels) ; aujourd’hui encore, un grand nombre de travaux (et de travailleurs) sont méprisés, parce que jugés sales, dégradants et trop peu intellectuels.


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