@naja
Premier élément de réponse :
L’acte pédocriminel manifeste en soi une abomination [...] mais le simple fait de ne pas épouser la doctrine catholique n’est pas en soi une monstruosité.
Vous avez parfaitement raison d’évoquer cette comparaison inappropriée, mais pas tant que cela...
Lisez cela : « Parmi ces gens-là, vagabonds et Égyptiens (Les Roms à l’époque), la fainéantise fait son étude pour entrer dans les yvrogneries, paillardises, jeux blasphèmes, querelles et séditions... Les roues et les potences sont souvent chargées de ces monstres qui, refusant d’obéir au précepte divin de travailler pour gagner leur vie à la sueur de leur front, tombent dans des pauvretés honteuses et de là commettent des larcins, des sacrilèges et des meurtres épouvantables. »Y. M. Bercé, histoire des croquants, I, p.251.
C’est en 1659, un prévôt général d’Italie s’exprime ainsi.
Déjà au XVe siècle, les bohémiens, égyptiens ou tsiganes, accueillaient en leurs rangs toute la « jeunesse libertine » selon S . Munster, initiateur d’une croisade. Mais cette catégorie fantasmatique réunit en son sein tous les déclassés des guerres et du marasme économique des XVe et début du XVIe.
« La misère n’est plus prise dans une dialectique de l’humiliation et de la gloire, mais dans un certain rapport du désordre à l’ordre qui l’enferme dans la culpabilité... Elle est une faute contre la bonne marche de l’État. » pour M. Foucault (Histoire de la folie), le cas des pauvres est indissociable de celui des fous. On y ajoutera « les libertins, et tous ceux qui se situent en dehors des règles, qui ne connaissent ni raison ni religion. » (Delumeau, La peur en Occident)
Il existe une loi facilement observable au plan social : tous les déclassés s’amalgament dans l’ombre de la société et ils y sont contaminés par la lie de la société. Je ne veux pas dire qu’ils y perdent leur conscience morale, mais la rumeur, le consensus social, les mythes du moment ne retiennent d’eux qu’une proximité avec l’ombre et le mal.
Si vous observez ce qui se passe actuellement en Europe, tous ces faits apparemment dissociés : fichage ADN des Roms en Italie, restrictions des droits des étrangers au point de les priver de certains droits fondamentaux, fichage des mineurs... liste des criminels installés dans chaque quartier (G.B.), etc., présentent des liens inquiétants ; si nous rapprochons cela d’une volonté de plus en plus manifeste des gouvernements de garder la société en ordre nous ne pouvons manquer de risquer le rapprochement avec la période des XVe et XVIe siècle.
Notez également combien la notion de travail comme malaxeur social est importante. C’est une constante que l’on retrouvera aux cours de toutes les périodes troubles de chaque civilisation. Le « croquant » ou le pauvre, même s’ils tiennent leur indigence du marasme social sont des « monstres ». Dans le cas des « sorcières » ce n’est pas tant la fidélité au dogme chrétien qui était en cause c’est le fait même d’être femme. La femme, le féminin et leurs attributs sont aussi régulièrement jetés en pâture aux incantations et aux injonctions des semeurs d’ordre.
Le marasme actuel est bien plus profond qu’un simple effondrement financier ou qu’un dévoiement généralisé du politique. La seule métaphore qui me vienne est celle de la catastrophe climatique qui s’annonce.
Ainsi quand vous dites : « mais le simple fait de ne pas épouser la doctrine catholique n’est pas en soi une monstruosité. » peut tenir lieu de conduite : la claire distinction entre le Bien et le Mal. Mais, vous demanderai-je, comment opérer cette distinction quand elle est abolie par un matraquage lancinant, pernicieux et obstiné qui, depuis plus de 50 ans nous a fait perdre de vue les limites mêmes de ce qui est tolérable ou pas pour l’Homme en société ?
Bonsoir Naja,