@ l’auteur,
Bonjour et merci pour votre réponse.
« Vous avez parfaitement raison d’évoquer cette comparaison inappropriée, mais pas tant que cela... »
Alorss... comment dire ?
En annonçant « Je ne remets pas en question les similitudes exposées ni leur pertinence mais j’entends insister sur les différences » , je ne me fendais pas d’une creuse formule de politesse introductive, je le pense vraiment ! L’un n’empêche pas l’autre.
Je ne trouve pas la comparaison inappropriée. L’inverse en fait. Je la trouve tellement à propos que je crains qu’elle n’en fasse oublier ce qui diffère entre les deux phénomènes. A savoir les distinctions relatives au seul jugement moral porté sur la pédocriminalité, en regard de celui porté sur la non conformité à l’ordre. Même si vous indiquez clairement ce qu’il en est pour vous. J’insiste maladroitement sur moral pour dire que mes remarques se cantonnaient à dessein au champ "théorique" du jugement personnel de chacun. Elles ignorent effectivement les mécanismes sociaux accompagnant et motivant une condamnation qui dans les faits, prend la forme d’une diabolisation destinée à légitimer une purification aux relans barbares et archaïques. Car c’est bien là que résident les similitudes que vous analysez fort justement et auxquelles je n’ai rien à ajouter. De sorte que mes propos ne concernent que l’éventuel rapprochement entre pédocriminel et hérétique, induit par la comparaison des réactions collectives face à ceux-ci.
A la première lecture, ce parallèle m’a rappelé d’autres comparaisons moins judicieuses, avec le maccarthysme par exemple. J’ai noté que quelque chose me dérangeait dans ces dernières à chaque fois que je les lisais. (Au delà du fait que j’ai tendance à m’y sentir personnellement accusée d’infâmante délation). En réfléchissant à votre article, j’en suis venue à la conclusion que c’est parce qu’elles comportent souvent une part substantielle de ce que je désigne plus haut par "position relativiste". Ce qui en l’occurence n’est pas le cas ici.
C’était sans doute former un préjugé négatif sur le lecteur que d’envisager qu’il puisse être aussi pommé ou perplexe que j’ai pu l’être devant ces comparaisons, et a priori moins enclin à s’interroger sur la pédophilie. Dans le doute, j’ai jugé bon d’enfoncer le clou... pour moi-même aussi.
J’aurais pu préciser tout cela avant. A vrai dire, j’avais écrit un blabla de ce genre. Mais j’ai trouvé lourd de poster un commentaire dont la moitié aurait été une justification de lui-même. J’ai préféré prendre le risque de me retrouver à en pondre un second dont la moitié serait la justification du précédent
« Si vous observez ce qui se passe actuellement en Europe, tous ces faits apparemment dissociés : fichage ADN des Roms en Italie, restrictions des droits des étrangers au point de les priver de certains droits fondamentaux, fichage des mineurs... liste des criminels installés dans chaque quartier (G.B.), etc., présentent des liens inquiétants ; si nous rapprochons cela d’une volonté de plus en plus manifeste des gouvernements de garder la société en ordre nous ne pouvons manquer de risquer le rapprochement avec la période des XVe et XVIe siècle »
Complètement.
« Le marasme actuel est bien plus profond qu’un simple effondrement financier ou qu’un dévoiement généralisé du politique. La seule métaphore qui me vienne est celle de la catastrophe climatique qui s’annonce. »
A nouveau d’accord.
Une remarque en passant : je ne suis pas sûre de savoir ce qui me fait le plus flipper du marasme actuel ou du changement climatique qui s’annonce. Je serais tentée de dire le premier. Le deuxième m’effare en tant qu’expression de l’extrémité à laquelle notre arrogance nous a rendu en tant qu’espèce... jusque dans une écologie qui prétend devoir sauver la planète en ignorant l’anthropocentrisme de sa position. Probablement que la question du plus grave n’a pas d’importance, si tant est qu’elle ait un sens. D’autant que ce serait ignorer les liens entre les deux. Les changements climatiques étant des facteurs aggravant d’inégalités sociales, instabilités politiques et conflits géopolitiques.
C’est un autre problème.
« Mais, vous demanderai-je, comment opérer cette distinction quand elle est abolie par un matraquage lancinant, pernicieux et obstiné qui, depuis plus de 50 ans nous a fait perdre de vue les limites mêmes de ce qui est tolérable ou pas pour l’Homme en société ? »
Je vous répondrai en vous citant :
"Le problème est d’abord aux racines du monde, à reprendre des questions simples : qui sommes-nous, quel sens peut avoir la société pour nous ? Que veut dire vivre ensemble, quel part de moi suis-je disposé à partager avec mes semblables ?"
Mais, vous demanderai-je alors à mon tour, comment en venir à ces questions enterrées par un matraquage qui les dit résolues en présentant notre "civilisation" comme l’émanation de cette réussite ?
Quelque part je pense aussi : et si moi Naja -française aisée, bobo et étudiante attardée- j’en viens à faire cette distinction (ou du moins à chercher à la faire), c’est qu’elle ne doit pas être si abolie que ça !
Hum... aurais-je omis quelque élément en rapport avec la question du Mal dans mon auto-portrait caricatural ?
C’est alors que mon double cynique me souffle une autre réponse à votre question :
Ce n’est qu’en endurant le franchissement de ces limites pour soi-même que l’on est ensuite contraint d’opérer de telles distinctions. Il n’y a donc plus qu’à attendre que la situation devienne si infernale qu’elle retombe -enfin- sur la gueule des classes jusque là relativement protégées par ledit matraquage. Quand tout un chacun aura bouffé de l’intolérable à en crever, reposer les limites de l’acceptable deviendra une nécessité dans l’esprit des survivants. Mais pour combien de temps ? (Comme un air de déjà vu dans cette vision d’horreur "offerte" à l’occident...)
En modérant mon cynisme, ça donne :
Au mieux, la distinction pourra s’opérer quand les privilégiés du progrès -nous- finiront par refuser ensemble les extrémités inhumaines auxquelles ils seraient amenés à participer (ou qu’ils devront cautionner) pour rester à l’abri. Au pire, nous ne nous poserons les questions fondamentales qui s’imposent qu’une fois rendus dans le chaos de la violence d’un conflit mondial.
Dire que je suis inquiète pour le futur proche de notre monde est un euphémisme. Et je ne sais pas comment en parler sans donner le sentiment que mon discours relève d’une prophétie apocalyptique... dont il importe de se garder, compte tenu de tous les dangers qu’une telle vision comporte en tant qu’instrument de terreur.
J’ai envisagé d’aller me réfugier sur Mars, ou plutôt Vénus tant qu’à choisir une autre planète. Mais comme je n’ai trouvé personne pour m’y accompagner, je me suis dit que je m’y sentirais bien seule.
Bon dimanche,
Naja
17/01 10:29 - JL
Bonjour Illel Kieser, Pourquoi je dis que la médecine officielle craint tant les médecines (...)
28/09 16:56 - Naja
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27/09 21:39 - Illel Kieser ’l Baz
@naja Premier élément de réponse : L’acte pédocriminel manifeste en soi une abomination (...)
27/09 12:56 - Naja
Bonjour, En commentaire à ce très riche article, je voudrais revenir sur le parallèle fait (...)
26/09 18:27 - Illel Kieser ’l Baz
26/09 17:21 - Kalki
Cela me va parfaitement et je vous remercis pour cette réponse. Quand on est fasse à un (...)
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