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Commentaire de Mathias Delfe

sur Le cinéma français est-il en berne ?


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Mathias Delfe Mathias Delfe 2 octobre 2008 14:37

Prenez une pincée d’ « auteurs » très majoritairement issus de la bourgeoisie bécébégé, qui ont connu des jeunesses sans aspérités, loin des drames intimes et plus encore des bouleversements historiques (et ça va empirer à l’avenir avec les gosses de trois ans qu’on affuble de casques et de genouillères dès qu’ils avancent sur leur tricycle au pas de leurs parents dans les rues piétonnes), ajoutez une énorme poignée de ce financement télévisuel qui exige pour les diffuser des produits accessibles et reconnaissables par tous, saupoudrez avec l’éternel trio épouse-mari-amant(e) légèrement épicé par une liberté de choix très tendance supermarché (l’amant de madame peut être une femme et la maîtresse de monsieur un homme), secouez, nappez enfin avec le système réseau-copinage, et vous obtenez l’essentiel du cinoche français, hors des polars qui, à de rares exceptions près (« Le petit lieutenant  », par exemple ou le déjà ancien « J’irai au paradis car l’enfer est ici  » du beaucoup trop rare Xavier Durringer*, et surtout pas la soupe Olivier Marchal), copient péniblement les productions américaines, elles-mêmes de plus en plus « déjà vu ».

Même la biographie filmée des « grandes figures » – très appréciée des télés- ne marche pas à tous les coups : Piaf, ça passe, Sartre/Beauvoir aussi, Sagan, à mon avis, ça coince, pas à cause de Diane Kurys, certes pas surprenante mais qui filme proprement, pas à cause de Sylvie Testud, qui s’applique à « être » Sagan dans une performance de composition qui, paradoxalement, aurait fait hurler une Nouvelle Vague qui préférait la « vérité » de l’acteur à celle du personnage, mais à cause du sujet lui-même : ce que ses romans laissaient supposer, son existence le confirme, Françoise, pauvre petite fille riche, n’avait vraiment rien de passionnant.
Rien de passionnant, ça définit bien le cinéma français de grande diffusion, comme d’ailleurs la littérature dont il s’inspire souvent. Malheureusement, dans l’un et l’autre cas, l’alternative est aussi rare qu’il est périlleux de s’y inscrire.

 

*pas assez consensuel, bien sûr.


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