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Commentaire de Bernard Dugué

sur La fin de la culture ?


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Bernard Dugué Bernard Dugué 13 octobre 2006 11:36

Bonjour,

la culture a entamé son lent et sûr dépérissement depuis plus de trente ans. Lire par exemple les analyses de Certeau

« Un langage de la technique ou de la science, doté du pouvoir de transformer, est réservé à une élite. Il reste étranger à l’ensemble de la population à laquelle il est présenté par la vulgarisation comme étant l’inaccessible. Un autre langage, spéculaire, se contente d’exprimer et présente à une société entière un miroir destiné à tous et finalement vrai de personne : il est décoratif. Ces deux régimes de la culture ne se différencient plus par des valeurs, par des contenus, par leur qualité ou des particularités de groupe. Ils se distinguent par leur rapport à l’action. C’est en ce point que la culture se divise et se réorganise ; sa part la moins opérationnelle étant de loin la plus étendue (...) Le langage donne en spectacle l’action que la société ne permet plus. Ce que le sujet perd lui est vendu en objets de consommation ». (Certeau, La culture au pluriel, 10/18, p. 242)

« Le glissement qui désaccorde une couche latente et une couche explicite du pays ouvre des questions globales dont il faudra bien avoir le courage de débattre. Car le phénomène qui s’est produit désigne peut-être à une civilisation ce point de maturité où le fruit éclate et se partage, où le sens paraît s’exiler des structures, où la quête d’identité conduit loin de la cité Une fin s’annoncerait et le début d’autre chose...Peut-être aussi l’exigence que portait tant de manifestants à protester contre une société et des institutions « qui ne disent pas la vérité » est-elle vaine, soit que cette réclamation ne puisse être satisfaite par « aucune » société, soit qu’elle ne puisse l’être par celle à laquelle nous appartenons, si la confiance qu’elle avait en elle-même et en son langage disparaît pour ne laisser qu’un reste : la sécurité des objets qu’elle produit. » (Certeau, La culture au pluriel, 10/18, p. 193)

Case esthétique, Nietzsche ?

« Le rapport aux pouvoirs change donc. Ils se servent de la culture, sans s’y compromettre. Ils sont ailleurs. Ils ne sont plus engagés par les discours qu’ils fabriquent (...) Ils placent leur produit selon les exigences qui ne sont plus celles du large public devenu simultanément capable de les acheter et incapable d’en tirer parti. En somme les produits culturels servent à la classe de ceux qui les créent et sont payés par la masse de ceux qui n’en profitent guère. Les pouvoirs s’organisent indépendamment des corps où ils tirent leur force et auxquels ils ne profitent pas (pp. 258-259, La culture au pluriel, recueil de textes parus en 1974 chez 10/18 puis réédité en Point Seuil)


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