@TTO,Merci pour ce résumé de la tendance qui tend à laisser croire que l’animal politique est avant tout un homo economicus.
Cette inversion de sens est visible dès lors que nous abordons les sciences humaines comme l’anthropologie et la philosophie (la véritable). Il faut d’ailleurs se méfier des économistes philosophes qui tendent, eux aussi, à exposer comment interpréter l’approche économique et non d’expliciter comment fonctionne le monde d’aujourd’hui. Il y a là aussi une inversion de sens qu’avait levé Jean-François Revel.
En anthropologie, principalement les études de tribus archaïques, les travaux relatés permettent sans conteste de constater que les règles économiques s’insèrent dans les règles sociales ; ce n’est pas du tout l’inverse. Le propos devrait, à mon sens, non pas se tourner à l’encontre de l’économie, mais de ce que nous faisons du facteur économique.
Quant à sa primauté sur le politique, au sens social, elle est une ineptie persistante.Il existe d’autres approches qu’il faudrait parvenir à fusionner pour tenter d’expliquer l’influence directe de la primauté de l’économie dans notre inconscient.
Des philosophes anthropologiques montrent aussi que la relation entre l’homme et sa perception du temps (sa temporalité) tend aussi à être modifiée. Ils expliquent que le passage de l’homme archaïque fût rompue par les lumières qui ont inséré la notion de perspective ; un de leurs apports important. Ainsi l’homme pouvait penser à l’inverse de l’écoulement du temps. La perspective a permis des projection sur le long terme. Or, aujourd’hui, le terme de cette perspective se réduit, d’après ces philosophes anthropologiques, parce que la pensée économique n’est pas une pensée à long terme ; et que l’influence de la financiarisation de l’économie a eu tendance à encore réduire le terme de cette perceptive pour se réduire quasiment au temps présent.
Quant à l’autonomie des sciences et des techniques, sur laquelle repose la modernité, l’école philosophique allemande la dénonce depuis longtemps. Nous sommes mêmes convaincus, inconsciemment, que la modernité ne peut être qu’un progrès ; alors que cette affirmation mérite d’être discutée.
Je vous réitère mes félicitations pour lever un tel sujet. Que nous adhérions ou non à l’approche de Billeter, il n’en reste pas moins que le sujet mérite que nous nous penchions dessus afin d’ouvrir un débat.