Article intéressant faisait un bon état des lieux sur cette épineuse question même si l’on sent en effet un petit parti prit à chaque fois. Bien que l’on puisse se déclarer pour ou contre les biotechnologies par principe ou croyance il existe tout de même aujourd’hui des craintes justifiées, particulièrement à mon avis sur la privatisation du vivant et le pillage que l’on ne peut que constater, il devient urgent de remettre en question la façon dont les brevets sont utilisés, menant à des monopoles et des entraves au développement de l’agriculture comme des paysans de l’Inde en ont fait l’amère expérience par exemple. Il faut également tirer des conclusions objectives de l’emploi des PGM depuis plusieures années dans d’autres pays, conclusions qui me semblent particulièrement sombres d’après les informations disponibles aujourd’hui... Ce n’est pas de l’obscurantisme que de le constater.
Il y a toutefois deux autres aspects qui ne sont que légèrement abordés malgré les très bonnes références aux multiples instances de contrôle des PGM dans cet article, et qui me tient à cœur pour l’Europe, c’est celui de leur traçabilité d’abord et du contrôle des pollens ensuite. Comme on le sait, en France cette question a été tranchée localement par une loi qui autorise un seuil de contamination très bas, en plus de la réglementation européenne déjà en vigueur, mais au-delà des questions juridiques des protections d’un label, je désir appuyer que si les OGM offrent d’excellentes garanties dans les filières de recherches médicales comme le montre l’exemple de l’insuline, ce n’est pas encore le cas dans l’agriculture !
Celles et ceux qui se sont intéressés à cette controverse et constatés que les inconvéniants dépassent les avantages - une majorité de 70% en Europe - n’auront pas manqués de remarquer le gouffre qui sépare ces deux filières d’utilisation des OGM et les zones d’ombres qui entours encore leur emploi dans l’agriculture. Par exemple si un médicament vient a provoquer quelques allergie ou décès la réactivité des autorités sera très bonne puisque la filière de distribution est sous contrôle et parfaitement claire. Mais ce n’est plus du tout le cas lorsque nous consommons des PGM dans les produits alimentaires courants, ils ne sont le plus souvent pas encore référencés comme tels malgré une législation européenne obligeant les fabricants à un étiquetage visible au delà du fameux seuil de 0,9% et cela depuis 2003.
Devant les résistances des consommateurs c’est plutôt l’inverse que l’on constate : le fabricant exploite cette méfiance en étiquetant finalement "sans ogm" comme mesure publicitaire ; et ceux qui pour des raisons de coût ou de disponibilité ont inclus des PGM dans leurs produits "oublient" encore trop souvent la législation ou s’arrange pour les substances modifiées incluses ne soient plus détectables dans le produit final ! Ces réactions très lentes des industriels pour s’adapter aux législations n’arrange pas l’image globale des OGM puisque les consommateurs ont en quelque sorte l’impression de servir de cobaye in vivo sur une plus grande durée que ce qui est exigé dans les tests de mise sur le marché... N’oublions pas que ce ne sont pas ici des "aliments anodins" malgré la ressemblance des phénomènes naturels et artificiels car tous les tests à 90 jours sur des rats montrent des modifications physiologiques que n’apportent pas les aliments non modifiés génétiquement, faits déjà prouvés dès 1999 par le docteur Pusztai en Grande Bretagne par exemple.
En ceci il existe donc une impossibilité totale de retracer la cause de l’apparition d’une allergie ou d’une maladie qui serait liée à la présence d’OGM dans un produit alimentaire, de même que des modifications physiologiques entraînant une augmentation de l’obésité.
Le deuxième point sur lequel j’aimerai insister est l’impossibilité de séparer durablement les filières de cultures avec et sans PGM dans l’agriculture quel que soit le pays ou les législations misent en place car aucune mesures efficaces hormis peut-être la culture sous serres (et encore) ne permettent totalement d’éviter la propagation des pollens. Ce qui n’est pas le cas dans la recherche et dans l’utilisation médicale des OGM. Cette impossibilité physique renforce encore le poid des entreprises commercialisant des semences PGM puisque elle leur permet de se porter en justice contre des exploitants agricoles pour violation des brevets qu’elles détiennent, de nombreux cas de procès aux USA ont montrés qu’il existe même des soupçons très solides sur la contamination artificielle de certains champs par des employés de Monsanto par exemple ! Manifestement l’appât du gain ayant depuis longtemps dépassé toute éthique ou précaution de sûreté alimentaire chez les fabricants...
A plus long terme et compte tenu de l’engouement pour les semences OGM grâce à un lobbying aggressif c’est la souveraineté alimentaire de tous les pays qui est menacée par ces brevets, la possibilité de réutiliser les semences n’existant plus et la contamination ayant fait son oeuvre planétaire. Car n’oublions pas que nous vivons dans un système totalement clos par notre atmosphère et que plus les foyers de contaminations seront nombreux et plus la mainmise des sociétés privées de biotechnologies sur l’approvisionnement céréalier mondiale sera grande, sans même parler des débouchés déjà actuels de breveter des gènes de porc et de poissons, renforçant encore cette dépendance alimentaire. Un autre exemple est l’apparition de "geniers hight tech" pour la conservation des semences non OGM décidés et mit en place par des sociétés privés comme en Norvège qui montre bien que cette stratégie de la rareté est pensée et appuyée dans le seul but d’exploiter la pénurie inévitable des semences naturelles provoquée par une contamination du vivant à moyen terme.
Il est donc à mon avis de la plus extrême urgence que la mutualisation des ressources génétiques et la modification des systèmes de brevets sur le vivant vers des sytèmes libres soient des priorités absolues pour les gouvernement et les instances supra nationales dans la ligne directe des efforts que nous devons fournir pour préserver la biodiversité aujourd’hui en péril. Si les PGM peuvent un jour apporter quelques bienfaits à l’humanité ce n’est certainement pas de la manière dont nous les utilisons maintenant car ils ne servent que comme des armes dans notre troisième guerre mondiale, la guerre commerciale !
30/10 01:19 - GFP
Je ne suis pas agronome (simple biologiste moléculaire) mais je peux vous dire que la solution (...)
24/10 17:53 - babo
24/10 17:50 - babo
Merci Ryuujin pour votre patience (forum doctissimo, zététique et ici). Contrairement aux (...)
24/10 14:42 - Mycroft
@forest ent Je penses que sur le sujet, il faut essayer néanmoins de faire confiances au (...)
24/10 14:32 - Mycroft
La vapeur d’eau est en effet fortement responsable de l’effet de serre, qui est lui (...)
20/10 02:06 - Ryuujin
Pour répondre rapidement à quelques objections qui apparaissent dans les commentaires : en ce (...)
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