Bonjour,
Vous posez la question essentielle.
J’explique dans le livre que le préalable à toute action politique est justement de casser le chantage aux délocalisations.
Je propose de reprendre l’idée, développée par l’économiste Jacques Sapir, d’une taxe sur les importations qui soit assise sur le bilan social et environnemental de la production importée. Ainsi, le prix de vente du textile chinois refléterait son coût global, externalités incluses. Dès lors, les entreprises seraient dans l’obligation de relever le niveau des conditions de travail et de la protection environnementale, sauf à perdre d’énormes parts de marché. Les recettes de cette taxe pourraient même être reversées aux pays taxés afin de financer des projets réellement propres.
Ensuite, il devient possible de réglementer et taxer la production sur le territoire, qui n’a plus à subir une concurrence internationale profondément faussée. Des outils comme le conditionnement des aides publiques et des marchés publics seraient également très efficaces avec un levier en France de 300 milliards d’euros par an (http://abernier.vefblog.net/1.html#_Environnement__un_levier_de_300_milliards_dans_le).
L’objectif est évidemment de mettre en oeuvre ces modalités à une échelle qui soit la plus large possible. Mais je pense qu’il faut oser se lancer, si besoin au niveau d’un seul Etat, pour montrer qu’on peut inverser la tendance. Ensuite, l’élargissement devra se faire, et les accords bilatéraux seront un bon moyen de propager ces nouvelles règles.
Je vous invite également à lire ou relire la Charte de la Havane, qui montre qu’un tout autre système commercial a failli voir le jour (http://www.m-pep.org/spip.php?article607). Il est encore temps je pense de revenir à ces notions de solidarité et d’équité.
Bien cordialement,
Aurélien Bernier