Ce que vous dites me fait penser à la relation que l’on peut avoir avec un artiste de rue. Il arrive, installe son matériel dans un endroit passant, interpelle les badaud, commence son spectacle. Ceux qui sont disponibles et dont la curiosité est piquée, assistent au spectacle. Les autres passent leur chemin. Parmi ceux qui restent - et à la fin du spectacle - certain vont s’estimer reconnaissant pour la qualité du moment passé, et vont y aller de leur obole. Les autres ne le feront pas, soit par faute de moyen, soit parce qu’ils les ont mais n’ont pas la monnaie, soit pas qu’ils ont estimé que la prestation était décevante, soit enfin par pingrerie et malveillance.
Quel artiste a eu le premier l’idée de demander son dû avant de commencer sa prestation ? Sans doute celui qui avait à sa disposition un local pouvant servir de théâtre, dont il fit payer l’entrée sur la foi de la qualité du spectacle annoncé. Ou bien celui qui avait dans ses relations une bande de nervis capable d’imposer le règlement de l’obole par la force. Sans doute était-ce le même que celui qui réalisa que la qualité de sa prestation influait moins sur le montant de sa récompense que son aptitude à interpeller le plus de gens possible avant de donner son spectacle.
Et enfin quand la rémunération et la célébrité ont été préférées par l’artiste à la récompense et la reconnaissance ?