Bonne réflexion et bonnes questions, merci Sylvain Reboul. Les pragmatiques contempteurs de l’interventionnisme seraient-ils devenus interventionnistes et idéologues par pragmatisme ?
Wuwei écrit ci-dessus : "" La liberté, dans une démocratie, n’est pas assurée si le peuple tolère que la puissance privée grandisse au point qu’elle devienne plus forte que l’État démocratique lui-même, ce qui est fondamentalement le fascisme. "
Ce à quoi nous assistons est proprement renversant en effet, et confirme deux thèses, celle de Jacques Généreux :
"Il n’y a pas de retour de l’Etat parce qu’il n’a jamais reculé. Son poids n’a pas cessé d’augmenter aux Etats-Unis. Simplement, il a changé de nature. Ce n’est plus un Etat-providence qui redistribue, c’est un Etat privatisé, au service des marchés, des profits. Il n’a cessé de donner plus de liberté à la finance, aux entreprises. Quand celle-ci débouche sur la crise, il doit intervenir en urgence."
Et celle de Frédéric Lordon :
"De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Avant l’Etat fiscal, il y a eu la servitude féodale… et après lui il y a la prédation actionnariale. …Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera au passage qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations
Loin d’être contradictoires ces deux affirmations se confirment mutuellement dans la crise : ce que l’État devrait "restituer en prestations collectives ", il va le donner aux banques, afin de leur permettre de satisfaire la prédation actionnariale.
J. Généreux Frédéric Lordon